Ce groupe fut dirigé vers Bõrsch (Bas Rhin) puis en détachement de sûreté à Witzenbach entre le Rhin et la ligne Maginot (la fortification censée arrêter l'ennemi ).
C'est là qu'on le retrouve (à gauche) avec deux autres brancardiers devant un véhicule qu'ils avaient aménagé en ambulance.
Marc Thillerot poursuit : Mon père combattait donc dans les rangs du 19e GRDI en tant que brancardier.
À la suite de la bataille de la Somme où les pertes françaises furent sévères notamment à Oresmaux, le groupe effectua une retraite combattante vers le sud (Oise et Seine-et-Oise).
Le 19e GRDI a reçu une citation collective à l’ordre de l’Armée avec attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Après la signature de l’armistice le 22 juin 1940, des soldats de son unité furent acheminés (vers la zone libre)
et regroupés à Liorac et Lamonzie-Montastruc.
C’est ainsi que Jean Thillerot, accompagné de quelques autres soldats fut dirigé vers la ferme de monsieur Louis Chort au Cluzel,
où il passa quelques jours avant d'être démobilisé à Lalinde le 16 août 1940. Au cours de leur séjour, ces soldats ont creusé ou nettoyé un cours d'eau, peut-être un simple fossé.
(il s'agit probablement de la Louyre qui coule en contre bas du Cluzel et se jette dans le Caudeau).
Mon père m'a dit qu'ils avaient apprécié le vin et particulièrement le Monbazillac !
A sa démobilisation, il reçut un accompte de 200F sur son indemnité de démobilisation et conserva quelques effets militaires : on y trouve, outre quelques vêtements, des houzeaux,
sorte de jambières de cuir propres aux cavaliers. Cet inventaire fut signé par le capitaine Frebault qui avait assuré le soutien logistique du 19e GRDI (EHR Escadron Hors Rang),
et qui en 1940, commandant le 17e GRDI, a assuré la démobilisation des soldats du 19e GRDI séjournant à Liorac.
Après la guerre Jean Thillerot a regagné sa ville natale où il est décédé en 2008 dans sa 96e année.
Mon père avait conservé un bon souvenir de son séjour au Cluzel et conservé l'adresse de la ferme sur son carnet :
En 1976, à l'occasion d'une visite à Baneuil avec mon père, nous sommes allés à la ferme de Liorac. Autant que je me souvienne, mon père a reconnu les lieux. Monsieur Louis Chort n'était pas là.
Mon père s'adressant à la personne qui nous recevait lui dit :" À l'époque, habitait dans la ferme un garçon qui devait être âgé de 13/14 ans". La personne lui répondit alors, "Ce garçon, c'était moi ».
C'est en écrivant l'histoire de notre famille que je me suis attaché à ce détail du passé militaire de mon père et au fait que 36 ans après son passage à Liorac il ait pu y revenir.