Quoiqu'il en soit, au moment de la Révolution, Liorac avait sa cloche.
Et le 23 juillet 1793, un décret ordonna de faire parvenir à la fonderie la
plus proche, toutes les cloches des paroisses, sauf une, dans un délai d'un mois.
Peut être parce qu'il n'y en avait qu'une à Liorac, ou plus probablement parce que cette
réquisition n'emportait pas l'adhésion des habitants ni celle des responsables locaux, le
village a conservé sa cloche six ans de plus, jusqu'à l'an 7 ! Mais cela n'a tout de
même pas duré, comme en témoigne l'extrait du Registre des Délibérations
de l'administration municipale de Liorac du 29 juin 1799, qui relate un rappel à l'ordre du
commissaires du peuple ordonnant la
réquisition de la cloche sans délai.
Le texte ci-dessous raconte
les circonstances de la descente de la cloche de Liorac.
Les moyens déployés, avec une force armée conséquente, suggèrent la crainte de troubles parmi
la population. On y apprend aussi que les Lioracois, en plus de donner leur cloche, ont
dû assurer logement et subsistance pour les hommes et les chevaux !
Les Membres de l'administration municipale réunis dans le lieu ordinaire de leur séance
avec le commissaire du directoire exécutif ont reçu du citoyen Lalene chef de bataillon de
la 70ème demi Brigade, l'arrêté de l'administration centrale du 8 du courant portant que la
cloche de Liorac sera descendue à la diligence du Commissaire du directoire exécutif pour
cette administration et transporté au chef lieu du département et que dans l'objet d'assurer
l'exécution du dit arrêté il sera envoyé dans ladite commune un détachement de force armée.
Il nous a présenté dans le même temps, un état du nombre effectif des hommes
qu'il a sous ses ordres lequel sera au total de soixante dix neuf dont 34 hommes de la force
mobile de Périgueux , 24 de celle de Bergerac, 17 gendarmes, 3 hussards et lui. De suite
il a été distribué à la troupe des billets de logement chez les habitants de la commune
pour y recevoir leur subsistance et celle des chevaux pendant tout le temps de leur station.
L'administration municipale concerte avec le commandant de la force armée l'heure et
l'exécution de l'arrête précité et chacun des soldats s'est rendu avec calme dans le
logement qui leur ont été désignés.
A trois heures du soir, le commandant a réuni la troupe devant le lieu où était placée la
cloche, l'administration municipale s'y est rendue et après un roulement son président a
donné lecture en présence du peuple et l'ensemble du détachement réuni de l'arrêté susdit
mentionné. Le signal de l'opération ordonnée ayant été annoncé, plusieurs citoyens soit du
détachement de la force armée soit des habitants de la commune se sont transportés en haut
du clocher d'autres ont procuré et approché les objets nécessaires. La cloche a été
descendue avec la plus grande tranquillité.
L'administration municipale n'ayant pas dans le moment,
le nécessaire pour le transport ordonné de cette cloche l'a consignée en lieu de sureté et
va aviser aux moyens de la faire rendre incessamment.
Extrait des Registres des Délibérations de l'administration municipale du Canton de Liorac
Permanence du 11 Messidor an 7 de la République française (29 juin 1799)
La dernière phrase du rapport est extrêmement
savoureuse et montre encore la réticence à faire transporter la cloche à Périgueux pour y
être fondue. Ainsi il semble qu'après l'avoir descendue du clocher les lioracois
ont réussi à conserver leur cloche dans un "lieu de sureté"...
Qu'est-elle devenue ensuite? On n'a plus de nouvelles jusqu'en 1845 !
En effet, en 1845, une délibération du conseil municipal
établit une imposition exceptionnelle de 690 F pour achat d'une nouvelle cloche: la cloche à
refondre pesait 413 Kg, la nouvelle devait être de 500 Kg. Etait-ce celle de la révolution
qui ayant échappé à la fonte, avait été remise dans le clocher et qui était fêlée? l'histoire
ne le dit pas ...
Proposition de Mr Fiteyrau, fondeur à Bordeaux, qui
se chargerait de fournir un timbre au prix de 3f49 le kilo et de ... notre métal fêlé à
raison de 1f35 le 1/2 kilo. Le Sr Brachet est chargé de toutes les dépenses relatives à
la refonte de la cloche. Il est aussi chargé des réparations de l'église et du presbytère
(29 octobre 1843). Il lui est dû 60 Kg de métal composé de cuivre et d'étain à 2f60 le
kilo" (Fiche rédigée par l'abbé Brugière).
Ci-contre la cloche actuelle de Liorac installée en 1845. Elle présente entre
deux frises décorées, trois lignes inscrites en majuscules, mais malheureusement
l'état du plancher du clocher ne permet pas de faire sans risque le tour de la cloche
pour lire l'inscription complète.
On devine seulement: ...TOUSMAN CHASSAGNIE MAI...
..TE MAIRE DE LA COMMUNE
ADRIEN DUCHIER
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L'horloge ... |