Dès le XVIIéme siècle,
les registres paroissiaux de Liorac mentionnent à la fois
la "maison noble" de Genthial
et
le "village" de Genthial.
A cette époque, Genthial était une seigneurie féodale avec un seigneur et des paysans qui travaillaient sur le domaine.
On peut rappeler ici la différence entre "seigneur" et "sieur" : le seigneur avait lui seul droit de justice sur son domaine,
il était vassal d'un suzerain, à cette époque du Roi de France, en l'occurence Louis XIV.
Par contre, l'appellation "sieur de..." indiquait la possession d'une terre mais sans droit de justice :
accolée à un nom, cette mention permettait de différencier les branches d'une même famille.
A la mort du seigneur, le fils ainé héritait du titre et devenait à son tour "seigneur",
alors que ses frères devaient se contenter de la mention "sieur de ..".
Liorac, était alors partagé entre deux chatellenies,
celle de Montclard et celle de Clérans et Genthial dépendait de Clérans.
La chatellenie de Clérans était très importante et s'étendait sur plusieurs paroisses. Elle fut propriété des Gontaud-Biron, puis de la famille de Durfort.
Guy Aldonce de Durfort, duc de Lorges, Maréchal de France vendit Clérans à Marguerite de Belrieu. La famille de Belrieu était bien connue à Bergerac,
puisque plusieurs de ses membres furent maires de la ville au XVII
ème. Marguerite de Belrieu était la fille de
Jean de Belrieu, baron de Virazel, seigneur de Tiregan, Conseiller du roi en la chambre de l'Edit de Guyenne et de Charlotte de Dijon de Boisverdun. Elle
était donc demoiselle de Tiregand. Elle épousa Daniel de Vincens, écuyer, qui acquit quelques années plus tard, l'office d'avocat général à la chambre de l'Edit.
Mais ce dernier mourut en 1668.
Devenue veuve, Marguerite de Belrieu vendit la charge d'avocat général pour 60000 livres et se retira à Clérans.
Elle dût alors gérer la chatellenie ce qui était une lourde charge. Elle eut d'ailleurs régulièrement des problèmes "administratifs" et fut condamnée par
deux fois pour ne pas avoir fourni l'aveu et le dénombrement de Clérans qui étaient dus au Roi.
Marguerite de Belrieu vendit des "morceaux" de la chatellenie et en particulier Genthial qui en faisait partie.
La famille DUBAL
Le 12 juillet 1679, la seigneurie de Genthial devint ainsi propriété de la famille DUBAL
On trouve en effet l'information dans le dénombrement fourni en 1680 par
Guy DUBAL, le nouveau seigneur de Genthial.(AD33 C4776)
Contrat d'acquisition fait par Guy Dubal de la dame de Clérans de la Justice de Genthial
et autres droits et dépendances du douzième juillet mil six cent septante neuf signé Bannes notaire royal qui justifie le contenu dudit desnombrement
Après quelques tracasseries administratives, liés au non dépôt de l'aveu et du dénonbrement du nouveau seigneur, Guy Dubal parvint à déposer les pièces nécessaires
et rendit hommage au Roi à Périgueux le 9 septembre 1679.
Dans un dénombrement, le seigneur devait déclarer les droits liés à sa seigneurie, les revenus qu'il en tirait ainsi que la description et l'emplacement des lieux.
carte de Belleyme
en pointillés, la limite des paroisses de Liorac et de Clérans
les sigles verts indiquent les vignes de Genthial
C'est ce que fait le nouveau seigneur de Genthial et voici quelques phrases extraites de sa déclaration (la ponctuation a été rajoutée
pour faciliter la lecture, mais l'orthographe a été conservée!) :
Je déclaire tenir et posséder la justice haute moyenne basse dudit tenemant et village de Genthial
sittué dans la paroisse de Liourat juridiction dudit Clérans
Les justices seigneuriales constituaient la base de l'organisation judiciaire depuis le moyen-âge.
Le seigneur avait délégation du pouvoir royal pour juger sur ses terres. La justice haute permettait de juger toutes les affaires
et de prononcer toutes les peines, y compris la peine capitale. Les justices moyenne et basse permettaient de juger les délits moins importants.
Ensamble cinq quartons cinq picotins et demy froment, quatre quartons advoyne, deux gellines, dix neuf sols dix deniers argent de rante annuelle
froncière et dirrecte et solidaire dhue surlesdits ténemant et village de Genthial
Les redevances dûes par les paysans étaient essentiellement payées en nature (blé, avoine et poules). Rappelons que les unités de mesure changeaient suivant les villes ou même les villages!
Je n'ai pas retrouvé les "mesures de Clérans", mais à titre indicatif, à Beauregard 1 quarton valait 8 picotins et 19,5 litres.
La somme d'argent semble faible puisqu'en 1656 les habitants de Genthial soumis à la taille devaient payer 53 Livres !(1 livre = 20 sols = 240 deniers).
La déclaration se poursuit par la description du domaine (qui ne mentionne que des maisons, mais pas de château) et comme c'était l'usage, par la position des biens par rapport aux propriétaires voisins :
qui consiste en maisons, terres labourables, trois vignes et autres possessions,
confrontant au nord au tenemant de Candilhac
et du Bourdial au levant
et du ténémant du Falconniru (Falconenque ?) du midy et couchant,
et aussi du ténemant de Casrieu, chemin de pressignac a bergerac entre deux du nord,
contenant cinq cents dix huit cartonnées mezure de Clérans et possédés par moy et Estiene Burette sieur de Lapoujade, Pierre Chassagnie di grand notaire royal et autres.
(même remarque que pour les mesures de grains à Clérans : pour les mesures agraires la cartonnée valait à Beauregard 12,15 ares.)
Jean DUBAL mourut au début de l'année 1678 : il était marchand et dans le rôle de taille de Liorac de 1656, un de ses métayers est nommé à Genthial (voir sur ce site, Histoires du village / L'Ancien Régime).
Il était protestant, mais il se convertit sur son lit de mort comme le mentionne le curé Guillaume Pourquery dans l'acte de décès :
"après avoir abjuré l'hérésie, comme je confirme par acte dudit jour reçu par CHASSAIGNE notaire royal, et s'être confessé". Il fut enterré dans l'église de Liorac en présence
des curés de Liorac, de St Aigne, de Clermont et de St Caprazy.
Guy DUBAL, qui a acquis la seigneurie de Genthial, était sans doute son fils. Il épousa Marie Sauniac de Belcastel peut être à Bergerac et plusieurs enfants naquirent à Genthial :
en 1680 Jean-Louis qui va continuer la lignée, Catherine en 1681, Françoise (Marie) en 1683
Jean-Louis DUBAL épouse à Liorac en janvier 1709 Marie VALLETON, fille de Jean Valleton de Boissière et de Marguerite de Richard. C'est la première apparition des VALLETON à Genthial
et nous verrons que quelques décennies plus tard une branche de cette famille s'installera à Genthial.
Plusieurs enfants DUBAL-Valleton naquirent à Genthial :
David, né en 1709, mort à 16 mois qui fut enterré dans la chapelle de l'église de Liorac
en 1710, Jean, dont on ne sait rien
et en 1711
Françoise (Marie) DUBAL. Elle va épouser en 1725 (elle n'avait que 14 ans !) Jean GONTIER, avocat en parlement, habitant du lieu de la Valette.
Jean-Louis DUBAL, le seigneur de Genthial, mourut à 48 ans, le 3 mai 1729.
Il ne devait pas rester de garçon vivant, et la maison noble de Genthial va revenir aux
GONTIER par cette alliance avec une fille DUBAL.