La vie des paysans a toujours été ponctuée par le calendrier des grands travaux : labours, semailles, récolte des foins, moissons, vendanges, battages.
Quand il n'y avait pas encore les tracteurs ni les machines modernes, ces travaux ne pouvaient être réalisés par une seule famille : la solidarité existait et les gros travaux étaient faits en commun avec l’aide de tous les habitants du village.
Il ne s'agit pas de nostalgie, mais les jeunes doivent comprendre comment leurs ancêtres travaillaient à une époque où plus de 75% des habitants étaient des paysans, alors que selon les statistiues del'INSEE, en 2019, il ne reste plus que 11% de la population qui travaille encore la terre en Dordogne.
AVANT LA MÉCANISATION (avant les années 1960)
A la lisière de son champ, le paysan vient de cueillir un épi : il 1 'a égréné en le froissànt dans ses mains. Le beau grain blond apparaît au creux de sa main. Il est mûr, l'heure des moissons est venu !
Les moissons : couper le blé
Le jour à peine levé les hommes commençaient à couper le blé : on moissonnait essentiellement à la main, en utilisant la faux ou la faucille. La faux permettait de couper beaucoup plus de blé à chaque mouvement de la lame (un balancement régulier des deux bras tout en maintenant la lame bien horizontale à la hauteur voulue) et était sans doute un peu moins pénible puisque le faucheur n’était plus courbé en deux comme avec la faucille. Le faucheur devait fréquemment aiguiser sa lame, grâce à une pierre à aiguiser rangée dans un étui porté à la ceinture.
Un tableau de Léon L'Hermite montre les femmes ramassant et liant les épis en gerbes avec un brin de paille puis les regroupant pour former une javelle: quatre en croix, les grains au centre, puis quatre, encore quatre, et une gerbe au sommet pour servir de "toit" en cas de pluie. Tous ces travaux , moissons ou fenaisons étaient une course permanente contre la pluie, contre l'orage qui pouvait en quelques instants détruire le travail d'une année et tous travaillaient dur pour rentrer les récoltes à temps.
la fête des moissons
D'autres femmes restaient à la maison pour préparer le repas. Chacune avait prévu l'évènement depuis longtemps, fait des réserves et des conserves : il s'agissait de nourrir au mieux tous ces hommes affamés qui travaillaient dur dans la poussière et sous le soleil. Le soir tous les travailleurs se réunissaient autour de grandes tables, mangeant, racontant des histoires et chantant jusqu'à tard dans la soirée.
Quand le blé était bien sec, les gerbes étaient chargées à la fourche sur des charettes, qui regagnaient la cour de la ferme tirées par des attelages de boeufs. Les gerbes étaient empilées dans la cour en un immense gerbier en attendant les battages.
les battages : recueillir les grains de blé
Pendant des siècles, le battage s'est fait manuellement avec un fléau ou un rouleau. Le fléau était composé de deux bâtons de bois reliés par des lanières de cuir : il servait à battre les céréales pour séparer les grains de la paille.
Les hommes préparaient d'abord une surface "propre" dans la cour de la ferme près du gerbier. Souvent des toiles étaient étendues sur cette surface. Quelques gerbes étaient envoyées sur l'aire depuis le haut du gerbier, et étaient détachées. Plusieurs hommes se tenaient autour de l'aire avec leur fléau qu'ils actionnaient à tour de rôle en frappant les gerbes en gardant un rythme régulier. La paille était enlevée avec un râteau de bois. Le grain était gossièrement séparé de la paille, mais il n'était pas encore bon à être stocké. Il fallait le nettoyer avant de le mettre en sacs.
Le vannage :
Cette opération consistait à nettoyer manuellement le grain de ses impuretés en le secouant dans un van (sorte de grande panière). Un tableau de Millet montre l'utilisation du van : en le remuant , les particules légères de paille et de poussières s'envolent emportées par le vent. Cette opération devait être très dangereuse pour les yeux et les voies respiratoires.
Fauchage, battage et vannage étaient des gestes pratiqués depuis fort longtemps et existaient encore il y a moins de cent ans, si près de nous dans l'échelle du temps ! C'était un travail fort éprouvant pour les paysans avant que les machines (moissonneuses, moissonneuses-lieuses, batteuses puis moissonneuses-batteuses) n'arrivent sur le marché français et prennent la relève. Ces machines coûtaient cher et peu de paysans pouvaient en acheter aussi des entreprises de battage amenaient les batteuses dans les cours des fermes. Le jour fixé les hommes du village se rassemblaient dans la ferme concernée pour aider au battage. La journée de batteuse était une dure journée de labeur qui se terminait invariablement par un repas festif
LES PROGRÈS DE LA MÉCANISATION :
► La première étape de la mécanisation est intervenue avec l'invention aux États-Unis par Cyrus McCormick de la
moissonneuse, qui coupait les tiges grâce à une barre de coupe mécanique.
► Puis vint vers la fin du XIX ème siècle la
moissonneuse-lieuse, machine tractée à l'origine par des chevaux ou des boeufs qui permettait de couper les tiges et également de les lier en gerbes : c'est une machine de ce genre qui a été utilisée pour moissonner un champ à Liorac en juillet 2019.
► La mécanisation du battage s'est faite grâce à l'emploi de
batteuses : des équipes passaient de ferme en ferme avec la batteuse, une énorme machine que l'on verra en action lors de la fête à Liorac au mois de septembre.
► Puis sont apparues les
moissonneuses-batteuses combinant les deux opérations -moissons et battage- réalisées simultanément sur le champ. Elles sont utilisées à l'heure actuelle .