La boulangerie Chassagne

Voici un témoignage d'Annie LEYGUE qui évoque ses grands-parents maternels :
Léonce Chassagne (1896-1962) naquit à Liorac, et fut boulanger comme son père. Il fit campagne contre l'Allemagne du 10 avril 1915 au 13 septembre 1919. Rentré à Liorac, il épousa en 1921 Albertine Piel (1901-1997) née aussi à Liorac. Ensemble ils ont tenu pendant des décennies le café et la boulangerie en haut du bourg de Liorac. Le café sera plus largement évoqué dans la page suivante sur la fête à Liorac. Plus tard, un poste à essence fut installé devant la maison.
Annie m'a fourni un texte et des photos, un grand merci d'avoir partagé ces souvenirs !

La photo date des années 50 : devant la porte, Léonce Chassagne, Albert Mouynat (dit Alphonse) le forgeron et deux petites filles, dont peut être Nicole Leygue.
A droite, l'entrée de la boulangerie.


On ne voit pas la pompe à essence plus à gauche.
Les lioracois se souviennent certainement d'Albertine Piel, épouse de Léonce Chassagne, une silhouette menue habillée de sombre qui se précipitait pour servir l'essence aux clients de passage.

 
Notre grand-père maternel exerce le métier de boulanger à Liorac. La boulangerie se situe à l’arrière de la maison. Ici depuis plusieurs générations, on fabrique le pain. En entrant, le pétrin, énorme ! J’aime bien regarder la pâte bise, lourde , soulevée par les grosse pales. Au fond, le four. Pépé actionne la porte munie d’une poignée-boule en cuivre. Un brasier impressionnant apparaît. La chaleur qui s’en dégage est telle que je recule. D’un geste rapide et sûr, à l’aide d’une très longue pelle en bois, il enfourne les pâtons. Il tient une lame de rasoir entre les lèvres, elle lui permet de scarifier la pâte avant de l’introduire dans le four. Bientôt une agréable odeur de pain chaud se répand.
Une fois cuites les tourtes, miches et couronnes sont vendues sur place mais aussi livrées à domicile par notre grand-père dans les différents hameaux de la commune et même au delà. A cette époque, pas de camionnette ! Il possède une charrette à laquelle il attèle Coquette, la jument. Pour nous, le bonheur suprême est de l’accompagner. Ma sœur et moi sommes fières de parcourir avec lui les petites routes et chemins à travers la campagne.

A cette époque, non seulement il y avait du pain à Liorac, mais en plus les boulangers (il y en avait 2 à Liorac) le livraient à domicile ! Tous les jours, Coquette tirait vaillamment la carriole pour faire la tournée de la boulangerie Chassagne.

Notre grand-père est farceur. Un jour, nous participons à la tournée. Nicole se lève et se prend soudain pour la Reine d’Angleterre dans son carrosse
(le couronnement d'Elisabeth II eût lieu en juin 1953 et impressionna beaucoup de foyers français qui venaient juste de découvrir la télévision en noir et blanc et les commentaires de Léon Zitrone ! ).
Debout, droite comme un « i », sérieuse et digne, elle salue la foule de la main. Je l’imite. Tout à coup, Pépé commande Coquette qui s’emballe. Fin brutale d’une royauté éphémère ! La Reine et son sujet sont déséquilibrés, projetés violemment sur la banquette de bois ! A ce moment-là, ce sont cris et éclats de rire qui fusent dans la campagne. Nous regardons notre grand-père, droit sur son siège, les rênes entre les mains, sérieux, faisant mine de n’y être pour rien !


Pour s'amuser, Léonce Chassagne a pris la place de sa jument pour la plus grande joie des passagers installés sur la charrette !
Sur la photo de droite Coquette semble fort docile même montée par un cavalier !
La fête à Liorac    

@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)