A Couze et St Front

SAINT ETIENNE

Dans le bourg de Couze, l'église St Etienne, rebaptisée St Pierre lors de la construction en 1895 de l'actuelle église St Etienne de Couze, se trouve dans l'enceinte de la papeterie Prat-Dumas. C'est une propriété privée : l'église désaffectée a même autrefois servi de bureaux à la papeterie.

Vue depuis la colline du cimetière, l'église St Pierre. A droite, la papeterie
et en avant plan, la grosse maison Prat-Dumas, en pierres et toits d'ardoise, témoin de la prospérité de la famille.

L'église fut construite au 12e siècle mais fut, comme beaucoup d'autres, en partie détruite lors des multiples conflits qui ont ravagé le Périgord, puis plus tard reconstruite. De la partie ancienne, seuls subsistent le choeur et le clocher. Elle est néanmoins inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel.
L'église n'est pas accessible à la visite et seule une description sommaire de l'extérieur est possible: un clocher mur à quatre baies campanaires, vide de ses cloches, une gargouille sur le mur du clocher et une sépulture placée sous un enfeu perpendiculairement à la façade d'entrée.

 
Pour l'intérieur, il faut encore une fois s'en référer à la Société Historique et Archéologique du Périgord qui signale un cerf sculpté à la clef de voûte et dans le choeur une sépulture et une inscription, qui a été estampée en 1883 par l'abbé Brugière et qui est reproduite ci-contre.
Selon cette inscription, il s'agit de la sépulture du chevalier Bertrand des Marques. On apprend dans la SHAP [1910) pp. 357-401] que les paroisses de Couze et de Bayac faisaient partie des possessions de l'archevêque de Bordeaux Bertrand de Goth, élu pape en 1305 sous le nom de Clément V (le "pape Clément" du vignoble bordelais), qui était donc le seigneur suzerain. Le seigneur vassal était Bertrand des Marques, seigneur de Couze. Il mourut en 1306 et c'est son tombeau qui se trouve dans l'église. Sa fille apporta par son mariage la seigneurie de Couze dans la famille de Serval : le cerf représenté dans l'église fait partie des armoiries des Serval et rappelle la possession de cette famille.


SAINT FRONT de Colubry

Au niveau du pont de Lalinde, mais toujours sur la commune de Couze-St-Front, une petite chapelle perchée sur la falaise domine la Dordogne d'une quarantaine de mètres. Le chemin est rude pour l'atteindre, mais de là haut les perspectives sur la Dordogne sont magnifiques. Cette petite église paroissiale de forme allongée possède un clocher-mur triangulaire à deux baies campanaires, dont l'une abrite une cloche. Elle est classée à l'Inventaire général du patrimoine culturel. Son époque de construction reste assez imprécise, entre le 8e et le XIVe siècle (base Mérimée), mais il est vrai que le bâtiment a pu être maintes fois reconstruit au cours des âges.
Même si la rivière parait paisible, les bateliers devaient déjouer les nombreux pièges tendus par le fleuve depuis Argentat, le haut pays, jusqu'à l'accès à la mer :
"Entre les pêcheries et les moulins à nef, point de répit pour l'équipage du courau, mais d'autres difficultés de descente, bien naturelles celles là : passé Badefols, à l'aproche du saut de la Gratusse, le bateau s'arrête pour prendre à son bord un pilote qui saura lui éviter les rapides en empruntant un canal naturel, étroit et profond, creusé par le fleuve entre les rochers à fleur d'eau". (A.M Cocula-Vaillières, La Dordogne des Bateliers).
Ainsi, le passage des rapides était si périlleux et si souvent mortel pour les bateliers qui sillonaient la rivière... que naquit une légende : c'était un monstre énorme, une sorte de dragon ou de serpent, établi dans les rochers au niveau des rapides, qui provoquait les accidents et se régalait des pauvres bateliers. La bête s'appelait "la gratusse" ou "le coulobre", la couleuvre en occitan. Face à ce danger, au début de notre ère, les habitants firent appel à St Front, sans doute le premier évêque de Périgueux. Celui-ci vint en haut de la falaise à Couze, et chassa le dragon. Les habitants furent délivrés du monstre et en souvenir de l'évènement édifièrent une chapelle sous le nom de "St Front de Colubry", "St Front la couleuvre".
Dans le choeur, on peut admirer deux chapiteaux sculptés du XIIe siècle, de facture assez naïve :
☼ celui de gauche représente trois léopards : l'Aquitaine était alors anglaise et il s'agit sans doute du blason des Plantagenêt. Le léopard du centre a une position curieuse et semble écartelé. On aperçoit en bas une fleur de lys, symbole de la couronne de France.
☼ Le chapiteau de droite montre sur sa face avant la tentation d'Adam et Eve : le serpent, enroulé autour de l'arbre présente la pomme, le fruit défendu, à Eve. Sur un côté, une représentation de Saint Front, avec un curieux habit, peut être en peau de bête. Il tient un bâton apostolique de la main droite et une crosse de la main gauche. (Saint Front aurait été le premier évêque de Périgueux).


@ Marie-France Castang-Coutou
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