Les enfants pendant la guerre de 14-18 : le rôle de l'école.

Culture de guerre : le rôle de l'école publique

Entre les deux guerres, de 1870 et de 1914, le patriotisme est très présent à l'école publique : un esprit de revanche et de reconquête a été soigneusement entretenu depuis la perte de l'Alsace et de la Lorraine en 1871. De 1882 à 1892, des "Bataillons scolaires" ont même existé dans les écoles de garçons. Ils avaient pour but d'initier les élèves dès le jeune âge à la pratique militaire. Les élèves revêtaient des uniformes de soldats et apprenaient à manier les armes avec de fidèles reproductions de fusils. Une note sur l'éducation physique mettait l'accent sur la "nécessité de préparer ceux pour qui le moment approche d'être appelés sous les drapeaux". En 1914 des leçons de tir réel réapparaissent.

L'esprit de revanche est entretenu en classe, notamment au travers de la lecture.

Un manuel niveau cours moyen « Le tour de la France par 2 enfants - Devoir et Patrie » édité pour la première fois en 1877, est dans les mains de tous les enfants en 1914. (Le tour de la France par deux enfants : devoir et patrie, Livre de lecture courante... cours moyen... (227e édition en 1892) / par G. Bruno / Source : collection personnelle)

Les plus petits ont droit à un "alphabet de guerre" avec des mots "choisis" ! Batterie, Drapeau, Joffre, Mitrailleuse, Poilu, Tranchée (Source : gallica)
 

A la rentrée des classes du 1er octobre 1914, deux mois après la mobilisation générale en France, déjà des milliers de soldats ont été tués ou blessés et les enfants ont tous au moins un membre de leur famille -père, oncle, frère- mobilisé.
Le ministre de l'Instruction Publique, Albert Sarrault, a demandé qu'en ce jour de rentrée dans chaque classe, "la première parole du maître hausse les cœurs vers la patrie et que sa première leçon honore la lutte sacrée où nos armes sont engagées ». L'école implique donc les enfants dans la guerre : le patriotisme, et le soutien aux combattants sont de mise au quotidien et toutes les leçons font référence au conflit.
 
L'école vise à justifier la guerre, à en expliquer les raisons. Cette guerre est présentée comme une défense de la civilisation contre la "barbarie" allemande, comme en témoigne la une du Supplément Illustré du Petit Journal (30 septembre 1914) : l'ennemi allemand y est présenté comme un monstre sanguinaire (portant le casque à pointe pour éviter toute ambiguité !), vaillament combattu baionnette au canon par les soldats des pays de la civilisation : France, Angleterre, Russie, Belgique et Serbie.
La carte schématique suivante montre les alliances militaires en Europe à cette époque :
◊ en gris bleu : Triple Entente (France et Alliés),
◊ en gris vert : Triple Alliance (Allemagne et Alliés)
◊ en blanc : pays neutres qui n'ont pas participé au conflit.
 
Cette image d'un ennemi sanguinaire est développée dans une brochure rédigée par des maires de communes de l'est et qui a été proposée à toutes les Municipalités "pour rappeler à tous les Français les crimes abominables commis par les Allemands sur le sol de la Patrie" : dans sa séance du 8 juillet 1917, le Conseil Municipal de Liorac vote une subvention de 40F pour l'achat de 10 exemplaires.


(Source: collection personnelle)
 

Dans la même idée, on peut lire dans le Journal de Bergerac du 19 décembre 1914, le récit d'atrocités allemandes (Source: Archives Municipales de Bergerac).
 

@ Marie-France Castang-Coutou
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