Jean Valleton de Boissière, "Mort pour la France"
Son nom est inscrit avec celui de 20 autres soldats sur le Monument aux Morts de Liorac, mais il apparaît aussi sur celui de Cause de Clérans.
Il avait fait ses études au
Collège Saint-Joseph de Périgueux et on peut lire le texte suivant sur le Livre d'Or de cet établissement :
Un vrai soldat, un vrai héros. Un soldat de l'ancien temps, égaré dans le nôtre. Des sentiments d'ordre absolument supérieur, les plus français et les plus chrétiens.
L'honneur même. Sorti du rang, conquérant ses grades, à la pointe de l'épée, sur le champ de bataille, comme autrefois, quand chacun portait dans sa giberne le bâton
de maréchal de France. Tel fut Jean Valleton de Boissière de Garraube.
Jean de Boissière a fait chez nous cinq années d'études, de la cinquième à la première inclusivement (1905-1910). D'un bout à l'autre, ce fut la même allure sage,
mesurée, toujours et pour tout au plus droit chemin. Rien de tapageur, rien d'emporté. Un de ces élèves dont, quand c'est fini, on ne se rappelle rien de fâcheux,
dont on se rappelle, au contraire, tout digne de louange. C'était un bon fils", c'est l'expression si simple et si juste, dont usèrent ses excellents parents pour
le louer et pour le pleurer. Nous y faisons écho en disant : "ce fut un bon élève". Un peu pressé par l'âge - né le 9 décembre 1893, il allait avoir 17 ans -
il arrêta là ses classes et s'en fut, à l'Université catholique de Lille, suivre les cours de l'Ecole des hautes études commerciales.
Il en était à peine sorti, quand la guerre vint donner une nouvelle orientation à sa vie et consacrer sa mort.
Il était déjà soldat, au 126e de ligne, à Brive. Nommé caporal au départ, il était sergent à la Marne, adjudant aux Eparges en avril 1915, sous-lieutenant le 31 mai suivant.
Il se battait comme un lion et avait éminemment le sens des choses militaires, comme il en avait l'inflexible courage.
Décoré de la croix de guerre, il était cité une première fois en ces termes : « Conduite extrêmement remarquable pendant toute la campagne, à laquelle il a pris part depuis la mobilisation ;
a brillamment enlevé sa demi-section à l'assaut du 7 avril."
Il sera de nouveau cité très élogieusement à Verdun. Il allait se développer, dans la carrière, de la façon la plus distinguée.
Il n'y avait qu'une difficulté : c'était, avec une si magnifique témérité en face du danger, de pouvoir vivre. En effet, il fut frappé, le 22 novembre 1916, à Barleux, dans la Somme,
d'une balle en pleine tête, sur le parapet de sa tranchée. Cette tranchée reçut aussitôt officiellement son nom glorieux.
Au moment où il s'affaissait, un prêtre brancardier, professeur au Petit Séminaire de Brive (aujourd'hui à Lacabane, près Terrasson), M. l'abbé Durand, (qui devait
être tué un mois plus tard), portant la communion à quelques soldats, arrivait près du mourant. Ce fut providentiel. Il put assister le jeune officier,
toujours si fidèle à la religion de ses pères, comme à la religion de l'honneur, ainsi qu'en témoignaient son petit fanion du Sacré-Coeur et sa médaille de Marie.
Il mourait, vraiment, en bon chrétien et en bon français.
Trois fois cité, il a reçu la Légion d'honneur, avec ce motif, qui résume tout, son caractère, sa vie, sa mort :
Chef de section de grande valeur morale ; le 22 novembre 1916, a été tué glorieusement à la tête de ses hommes devant Barleux.