Pères et Mères d'émigré à la Révolution :
un exemple à Liorac

Dans le tout nouveau canton de Liorac (le village était devenu chef-lieu de canton en 1793), plusieurs familles d'émigrés sont tombées sous le coup des lois qui viennent d'être présentées.
Aux Archives de Périgueux, un dossier indique les noms des parents d'émigrés et ceux de leurs domaines . Ce document n'est malheureusement qu'un récapitulatif succint, réalisé après la publication du décret sur la levée du séquestre qui frappait les biens des pères et mères d'émigrés. Les procès-verbaux sont signés MAZET, sans doute le notaire royal de Liorac, en tant que commissaire nommé pour le canton par l'Administration Municipale.
 

à Liorac, les parents concernés sont Léon Pourquery de la Bigotie et son épouse, Jeanne Eleonore Grenier de Montlong.

Ils possèdaient trois domaines à Liorac, celui de la Roche, un autre appelé également de la Roche, sans doute la Vieille Roche, et la Grange brûlée.
C'est pour cette raison que "laroche" est ajouté à leur patronyme sur le document : "Pourqueri Laroche labigotie".

Après le dépôt des pièces justificatives exigées par la loi, qui auraient été d'un grand intérêt mais qui n'ont malheureusement pas été conservées dans ce dossier, les scellés ont été levés le 21 nivose de l'an 4 (11 janvier 1796). Est-ce que des biens ont été alors vendus ? la réponse se cache peut-être dans un autre dossier des Archives, donc à suivre...

Mais qui étaient-ils et qui était ce fils émigré source de tant de soucis ?
Ci dessous, une généalogie succinte de la famille Pourquery de la Bigotie va permettre de les situer. Les dates et lieux proviennent de recherches dans les registres paroissiaux des différentes communes concernées, les dates et les filiations ont donc été vérifiées.
La famille Pourquery de la Bigotie

La famille de Pourquery appartient à la noblesse du Périgord... Originaire de la ville de Monpazier. Alternativement de robe et d'épée, ses membres se sont distingués dans les deux carrières... et se sont constamment alliés aux premières familles de leur province.
Armorial du Périgord, Froidefond de Boulazac.

Le repaire noble de la Bigotie était sur la paroisse de Marsalès, juridiction de Monpazier.

Mathieu François Pourquery de la Bigotie, écuyer, seigneur de la Roche, épousa en 1730 à Bergerac, avec dispense du Pape, sa cousine germaine Anne Planteau. Il fut capitaine au régiment de Biron. Il mourut à 55 ans à Liorac dans sa maison de la Roche, le 6 mars 1744 , et comme c'était l'usage, fut enterré dans l'église .

Léon Pourquery de la Bigotie, son fils, naquit à Liorac le 20 novembre 1738 dans la maison de la Roche.
Il épousa le 12 juin 1759 en l'église St Jacques de Bergerac, Jeanne Eléonore Grenier de Montlong de Bonsol, delle de la Croix.
Il était alors écuyer, seigneur de la Roche, et Mousquetaire du Roi dans la compagnie du marquis de Jumilhac.
Plus tard, en 1775, lors de la naissance d'un de ses fils, ses titres seront "écuyer, chevalier, Baron de la Roche, Seigneur des maurigoux et autres lieux, Lieutenant titulaire de MM les maréchaux de France pour le Roi au département de Bergerac" (il fallait au moins quatre quartiers de noblesse pour être admis à l'exercice de cet office, ce qui était largement le cas pour lui). Léon Pourquery habitait alors en son hôtel à Bergerac.

De ce mariage naquirent de nombreux enfants, tous nés à Bergerac :
Pierre-Charles (27 février 1761) qui épousera Sicarie Baffet de la Mothe à Trélissac, Léon (25 novembre 1762) et Charles (28 octobre 1763), tous deux décédés à la naissance, Jeanne (31 janvier 1765), Marthe (25 septembre 1766), Pierre Charles "le jeune" (30 juin 1769) qui s'installera à Tonneins, Léon Jean Charles (12 décembre 1770), le futur émigré, Jeanne-Elisabeth (10 novembre 1772), Rose (26 janvier 1774) qui se mariera en 1795 à Liorac avec Jacques Guilbert Latour qui habitait au Vieux Liorac, François (21 novembre 1775) qui s'installera et finira sa vie aux Lèches près de Bergerac, Marie-Ursule (25 février 1779), Marthe-Luce (25 avril 1780). Jeanne-Elisabeth et Marie-Ursule restèrent célibataires et moururent à la Roche.

Les deux parents finirent leur vie à la Roche : Léon Pourquery de la Bigotie y mourut le 20 mars 1813 et Jeanne Eléonore Grenier de Monlong, son épouse, le 17 janvier 1817.

Léon Jean Charles de la Bigotie :
Il naquit donc à Bergerac le 12 décembre 1770. Il entra au service comme garde corps du Roi. Il émigra en Italie en 1791 et était donc au mieux, juste majeur. Il resta en Italie et épousa Maria della Pellegrina, issue d'une famille noble de Ferrare. Ils eurent plusieurs enfants à Ferrare et de façon curieuse, on trouve la naissance d'une de leurs filles à Campsegret, le cinquième complémentaire de l'an 10 (22 septembre 1802) alors qu'ils y résidaient momentanément. Il reprit du service en 1814 lors du rétablissement de la royauté et devint maréchal des logis des gardes corps du Roi. A sa retraite, il repartit en Italie et mourut à Ferrare en 1849.

@ Marie-France Castang-Coutou
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