Bergerac était une ville de garnison, qui hébergeait le 108ème Régiment d'Infanterie dans lequel ont été incorporés de beaucoup de jeunes gens de Liorac.
Un dossier aux Archives Municipales de Bergerac (dont une partie est
numérisée sur Gallica) permet de retracer l'histoire de ce régiment pendant la grande guerre et la lecture
des journaux de marche permet de la compléter.
Régiment colonial de la monarchie, il portait le nom de "Régiment de l'Ile de France" (créé en 1772, il stationnait dans les colonies). Il devint en 1792 le 108e Régiment d'Infanterie . Il participa à de nombreuses batailles à la fin de la période Révolutionnaire et pendant l'Empire.
En 1880, le régiment reçut son drapeau sur lequel étaient inscrites en lettres d'or le nom de batailles auxquelles il avait pris part :
HOHENLINDEN 1800
AUSTERLITZ 1805
AUERSTAEDT 1806
LA MOSKOVA 1812
La bataille de Hohenlinden eut lieu le 3 décembre 1800 entre les troupes françaises du général Moreau et les forces autrichiennes et bavaroises commandées par l'archiduc d'Autriche. L'affrontement se termina par une victoire française qui conduisit l'Autriche à signer la Paix de Lunéville en 1801.
La bataille d’Austerlitz surnommée la « bataille des Trois Empereurs », se déroula le 2 décembre 1805 : la Grande Armée de Napoléon Ier battit les forces austro-russes de l’empereur François II du Saint-Empire et de l'empereur russe Alexandre Ier.
La bataille d'Auerstaedt se déroula le 14 octobre 1806, le même jour que la bataille de Iéna, et opposa l'armée prussienne du roi Frédéric-Guillaume III au 3e corps d'armée français commandé par le maréchal Davout qui, la suite de cette victoire, sera fait duc d'Auerstaedt. Le Colonel Joseph Higonet fut tué à la tête du 108° de ligne.
La bataille de la Moskova opposa la Grande Armée commandée par Napoléon Ier à l’armée impériale russe.La victoire fut française dans la mesure où Napoléon contraignit les forces russes à battre en retraite s’ouvrant ainsi la voie vers Moscou. La prise de Moscou sera suivie du désastreux retour vers la France.
A partir de 1900, le 108eRI a tenu garnison à Bergerac à la caserne Chanzy ,
comme le montre cette vieille carte postale de Bergerac :
le 108eRI pendant la guerre de 14,
L'histoire de ce régiment pendant la grande guerre est détaillée dans une publication de 1919 (Imprimerie générale du Sud-ouest - J.CASTANET) et numérisée sur gallica
ICI
On y apprend que le 108e régiment d'infanterie, prêt à entrer en campagne, quitta sa garnison de Bergerac le 6 août 1914, cinquième jour de la mobilisation. Débarqué en Argonne, il marcha vers la Belgique dont la neutralité avait été violée. Après cette offensive en Belgique, il prit part à la bataille de la Marne, puis de septembre 1914 à mars 1915, le régiment s'installa, et ce fut la guerre de tranchées, épreuve épuisante. Puis il participa à l'offensive en Lorraine, à la campagne d'Artois et au printemps 1916,à la bataille de Verdun. Après un peu de repos , ce fut la campagne de la Somme. La guerre s'éternisait et en novembre 1917, le Régiment quitta l'hexagone pour gagner l'Italie, où il fera face aux attaques autrichiennes. Il rentrera en France en février 1919.
La publication résume en quelques lignes les épreuves que ce régiment, certainement comme beaucoup d'autres, a enduré pendant ce conflit :
Pendant cinquante deux mois d'une guerre telle que l'histoire n'en a jamais connue, le 108e a tout souffert, les froids intenses et l'ardente chaleur, les boues épaisses et les poussières suffocantes, les lourds brouillards et les pluies glacées. Il a tout bravé : les baïonnettes et les balles, le couteau de tranchée et les grenades, les mitrailleuses meurtrières et les canons aux bombardements frénétiques, les flammes terrifiantes et les gaz mortels, le sol s'effondrant sur les mines et l'air s'embrasant sous les avions ; il a battu le boche et l'autrichien ; il a tout vu, tout connu, tout, sauf la limite du dévouement de ses soldats, la limite de leur énergie et de leur courage.
Le bilan fut terrible :
Pertes du 108e RI
du 6 août 1914 au 2 novembre 1918
Morts 1052
Disparus 816
Blessés 4204
Plusieurs Lioracois ont vécu dans cette galère, deux en particulier : l'un fut blessé et l'autre tué. Voyons quelle fut leur histoire...