Les femmes pendant la guerre de 14-18 (II)

La guerre s'éternise et toutes les femmes et tous les enfants participent, dans la mesure de leurs moyens, à l'effort de guerre.
 

Les femmes de soldats mobilisés assument désormais les fonctions de chef de famille :
Elles ont obtenu par la force des circonstances davantage de responsabilités : elles ont l'autorité parentale pour la durée du conflit, le contrôle des finances de la famille et le droit de travailler. La loi du 3 juillet 1915 leur transfère ainsi la puissance paternelle pour la durée du conflit et en contre partie, elles doivent subvenir seules aux besoins du foyer ce qui ne se fait pas sans peine. Tous les prix des denrées de base sont à la hausse. Des allocations sont prévues mais elles tardent à venir et en attendant il faut nourrir la famille !

La loi du 5 août et son décret du 6 août 1914 prévoient pour l’épouse une allocation journalière dont le montant unique est fixé à 1,25 F. À celle-ci peut s’ajouter une majoration journalière de 0,50 F pour chacun des enfants de moins de 16 ans à la charge du bénéficiaire principal. (JO du 6 aout1914)
 
Les femmes assurent les tâches traditionnelles de "charité" :
infirmière, aide aux blessés, collectes, l'oeuvre du TRICOT du SOLDAT, envoi de paquets aux prisonniers et aux soldats du front, aide aux réfugiés belges et français des départements du Nord et de l'Est du pays.
C'est le deuxième hiver de la guerre, le froid est là et les soldats vivent dans des conditions épouvantables dans les tranchées, les lainages sont nécessaires et l'oeuvre du tricot envoie des paquets aux régiments.
Les institutrices coordonnent les efforts de leurs élèves et de toutes les femmes du village.
C'est le cas de l'institutrice de Liorac, Mme Castang (Journal de Bergerac du 23 janvier 1915)


 

Les femmes remplaçent dans les usines les hommes partis au combat
et tout en palliant le manque de ressources financières, relancent l'industrie et assurent l'approvisionnement en armes et munitions.
En 1917, la poudrerie de Bergerac embauche des ouvrières pour fabriquer des munitions : la poudrerie produisait alors de la nitrocellulose un explosif, dérivé de la cellulose. Il fut utilisé dans les munitions sous forme de coton-poudre (fulmicoton). En juillet 1917, le site produisait 60 tonnes de poudre par jour. Le salaire journalier de 4F va grandement améliorer les allocations. Le travail est dur, pénible et dangereux mais le transport depuis le domicile est assuré. Il est fort probable que certaines femmes de Liorac aient profité de cette opportunité.
 
Un article paru dans le Journal de Bergerac le 1er janvier 1916 (Archives Municipales de Bergerac), rend hommage aux femmes de France : le temps est maintenant passé des "marionnettes" et des "poupées".
Et pourtant, malgré ces compliments, tous les décrets en faveur de la libéralisation de la femme, mis en œuvre par nécessité de guerre vont être annulés et dès la fin de la guerre c'est le retour au code napoléonien : la femme revient sous la tutelle de son père ou de son mari. Ainsi, le droit de travailler, celui d’ouvrir un compte en banque, d'exercer l’autorité parentale, tout passe à nouveau par la décision du mari comme avant la guerre... et les femmes devront attendre 1944 pour être enfin considérées comme "majeures", être éligibles et avoir le droit de voter.
 

@ Marie-France Castang-Coutou
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