Les enfants pendant la guerre de 14-18

Pendant la première guerre mondiale, près de 8 millions de français furent mobilisés. On parle en général de la guerre des hommes -les poilus, les batailles, les tranchées- mais assez peu de la guerre à l'arrière vécue par les vieux parents, les femmes et les enfants.
A Liorac environ 250 hommes des classes 1887 à 1919 (classe="année des 20 ans"), nés à Liorac ou y habitant ont participé à la guerre (et la liste n'est sans doute pas complète!). Certains étaient mariés et avaient des enfants. Comment ces petits ont-ils vécus cette période difficile après le départ de leur père ? Le but de ces pages est d'essayer de le comprendre.
 
Logiquement la guerre n'aurait dû concerner que les adultes et les enfants auraient dû être tenus à l'écart, mais dès le début du conflit, les enfants furent impliqués de différentes manières.
la propagande de guerre
Tout d'abord dans la propagande de guerre destinée aux adultes. Les enfants furent un enjeu caché de la guerre : leurs pères se battaient pour eux, pour qu'ils n'aient jamais à combattre eux mêmes et constituaient ainsi une raison de continuer à lutter et à "tenir".
En conséquence, les enfants se sentent ainsi un peu responsables et essaient de compenser cette culpabilité en participant à leur niveau à l'effort de guerre du pays.
Certains jeunes garçons ont même réussi à participer aux combats, malgré leur âge non réglementaire :
on peut en lire un exemple rapporté par le Journal de Bergerac du 30 août 1914, exaltant l'action d'un gamin de 14 ans ! (Source - Archives Municipales de Bergerac )
 

la culture de guerre destinée aux enfants :
livres, jeux et jouets sur le thème de la guerre

 
Des revues illustrées vont servir à soutenir un discours patriotique.
Les héros favoris des enfants se retrouvent dans des planches illustrées, ancêtres des bandes dessinées :
☼ Ce sont tout d'abord les Pieds Nickelés, trois hommes débrouillards, Croquignol -avec son long nez, Ribouldingue -avec la barbe et Filochard -avec un seul oeil qui opèrent derrière les lignes ennemies et bernent sans cesse les « boches » pour la plus grande joie des lecteurs.
☼ Et puis l'histoire de Bécassine, une jeune fille bretonne, un peu naïve, qui doit trouver du travail après la ruine de sa patronne : elle trouvera des emplois autrefois occupés par des hommes (receveur de tramway et employée chez un ferrailleur), ce qui met en évidence l’importance prise par les femmes dans l’économie nationale.
 
Le catalogue de jouets du Bon Marché de décembre 1915 propose pour les petits garçons de nombreux soldats de plomb portant les uniformes des Alliés et des armes d'artillerie, ici un canon français de 75 qui tire des obus explosibles ! Sur la même page, explication pour remplir un obus à balles (schrapnell) ! Impossible d'échapper à la propagande de guerre. Curieux cadeau pour une fête de Noël !
 

Un peu moins agressif, un jeu de l'oie revisité et baptisé: "JUSQU'AU BOUT, le nouveau jeu de la guerre de 14".
Les cases contiennent :
► les portraits des dirigeants des différents pays : le roi et le prince de Serbie (3), le czar Nicolas II , empereur de Russie (5), le Président de la République Française, Raymond Poincaré (7), Guillaume, le kaiser (10), Lord Grey ministre britannique des Affaires Etrangères (16), Albert Ier, le roi des Belges (28),
► les portraits de généraux : l'anglais FRENCH (32), les Français : JOFFRE, le généralissime (34), GALLIENI (44), DE CASTELNAU (49), PAU (55).
Eugène TURPIN est à la case 59 : c'est un chimiste qui a inventé la mélinite, explosif remplaçant la poudre noire.
► des armes sont aussi représentées: un taube ("pigeon"), avion autrichien survolant Paris (40), un avion Français (50), un zeppelin, ballon dirigeable allemand (60), et bien sûr "notre 75", le canon de campagne de l'armée française (33).
Sous le dessin de quatre soldats Alliés portant leur drapeau (Français, Russe Anglais et Belge) la mention "Pour le droit, l'honneur et la civilisation" : c'est la case gagnante du jeu.


Les enfants étaient donc naturellement impliqués dans la guerre par les adultes et la photo qui suit est une illustration frappante de ce phénomène un peu choquant .
 
La photo appartient à Annie Leygue. On y voit quatre enfants en bas âge, deux garçons habillés en soldats, l'un a le bras en écharpe, son fusil est posé et l'autre, un aviateur, est étendu, simulant un blessé. Deux petites filles en costume d'infirmières de la Croix Rouge s'occupent d'eux. A l'avant plan trois canons, sans doute des 75, sont pointés pour défendre le groupe.
Les enfants n'ont malheureusement pas été identifiés, ils n'étaient peut être pas de Liorac.

@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)