Centenaire de l'armistice de 1918
EXPOSITION
"l'artisanat de tranchée"

En ce jour du 11 novembre 2018, à Liorac, nous avons voulu rendre hommage dans une exposition "Les Poilus de Liorac" à tous les hommes nés à Liorac ou y habitant qui ont donné leur vie pour la France pendant ce terrible conflit , mais aussi à tous ceux qui sont partis combattre et qui sont revenus blessés dans leur chair et dans leur âme. C'était le thème central de l'exposition, mais d'autres thèmes liés à la guerre ont été également abordés.
Cette page est consacrée à L'ARTISANAT DE TRANCHEE

Durant presque cinq ans, la Première Guerre mondiale immobilisa des millions de combattants dans les tranchées. Pour tromper l’ennui de cette guerre de position, les Poilus se mirent très tôt à fabriquer de menus objets.
La plupart du temps, ils n’exerçaient pas leur artisanat dans les tranchées car il fallait éviter de se signaler à l’ennemi par des bruits intempestifs. A l’avant, ils récupéraient les résidus de la guerre industrielle : fusées, éclats et douilles d’obus, grenades, cartouches, la matière première ne manquait pas !
En deuxième ligne, ils fondaient les métaux (l'aluminium des munitions allemandes) et fabriquaient leur petit outillage. Les soldats bricolaient donc dans les cantonnements de repos, en arrière de la ligne de front.
 
Ils ont fabriqué des ustensiles de première nécessité comme des briquets ou des timbales, mais surtout des objets destinés aux êtres chers, des bagues pour les femmes, les fiancées ou leurs petites filles, des parures de cheminée, des bougeoirs... de véritables œuvres d'Art.
Un siècle après la fin de la guerre, ces objets évoquent les rares moments où les combattants redevenaient presque des civils et retrouvaient les gestes traditionnels des métiers qu’ils avaient quittés pour la défense du pays.
La plupart des objets exposés en ce jour du 11 novembre provenait de l'impressionnante collection de Denis DORY (St Georges de Monclard). D'autres objets avaient été prêtés par J. DESSAGNES, A.LEYGUE, A.MAURY. Merci à tous.

les "objets-cadeaux" :

► C'étaient des cadeaux personnels pour les femmes ou les fiancées fabriqués avec l'aluminium des fusées d’obus allemands, surtout des bagues (des chevalières et des bagues avec inclusion d'un autre métal ou d'un morceau de verre coloré).
 
► et aussi des cadeaux destinés à la maison :
○ des parures de cheminées, réalisées à partir de douilles de divers calibres ou provenance : on observait ici des douilles d'obus français de 75, l'un brut et deux autres finement gravés - l'un d'eux porte la mention "souvenir de la côte 304" qui évoque la bataille de Verdun-
et une paire de vases réalisés à partir de douilles d'obus anglais (canon 18-pounder avec des douilles de 84 mm).
○ des pots à tabac fabriqués dans des douilles de divers calibres ou provenance : à gauche une douille de 18 pounds Anglaise. A droite, avec le mot tabac et avec l'écusson des douilles allemandes de 77, et l'autre sans décor une douille française de 75 .
○ des timbales, ici avec le trèfle à quatre feuilles porte-chance,
○ des ronds de serviette : on remarque la curieuse décoration d'une lionne sur un rond de serviette (beaucoup de soldats originaires des colonies françaises avaient été mobilisés et combattaient sur le front)
et un rond de serviette du commerce avec un coeur gravé par un poilu avec des initiales, sans doute celles de la bien-aimée :
 
○ des coquetiers
○ des encriers fabriqué avec une tête de fusée d'obus : à gauche le pied est fait avec un fonds de douille et à droite un encrier agrémenté de feuiles de chêne :
avec des stylos crayon d'un côté et plume de l'autre.
 
○ des bougeoirs
 
○ des coupe papier : plusieurs coupe-papier étaient présentés. C'était un objet que les Poilus pouvaient facilement garder dans une poche pour continuer à le graver et à le décorer dans les tranchées.
On distingue l'inscription "Souvenirs des campagnes 1914-15-16-17-18" (Prêt Annie MAURY)
 
Quatre magifiques coupe-papier fabriqués à partir de balles, l'un d'eux porte l'incription de la bataille de la Marne (Prêt J. DESSAGNES)
 
Plus rare était le "coupe-journal", un coupe papier d'une trentaine de centimètres destiné à couper les pages des journaux (Coll. D. DORY)
○ des cendriers et objets décoratifs : un cendrier avec la forme d'une casquette anglaise, un cendrier décoré avec des feuillages, un tonneau...


des "objets utiles pour le Poilu" :
A côté des objets destinés à faire des cadeaux à sa famille, le soldat fabriquait des objets qui lui étaient utiles : c'était le cas du briquet, objet essentiel pour le soldat, et on ne peut qu'être impressionné par la diversité et l'ingéniosité des briquets réalisés :
on trouve ainsi des briquets travaillés dans des balles ou des morceaux d'obus, qui prennent la forme d'un livre, (parfois avec des mélanges de métaux, laiton et cuivre),
d'un gousset de montre, ou qui sont réalisés à partir d'une pièce de monnaie de divers pays et l'origine des pièces montre bien que la guerre était réellement "mondiale" !).
Beaucoup sont montés avec des pierres à briquet (sans doute apportées par les permissionnaires), mais certains sont des briquets à amadou .
Depuis 1910, une taxe sur les briquets avait été votée : sur la photo suivante, une plaque en cuivre rouge soudée sur le briquet à amadou montre que pour celui-ci la taxe avait été acquittée.

Certains petits malins s'arrangaient à camoufler le briquet pour ne pas payer cette taxe, ici dans une montre gousset :

Mais très vite, comme pour tout l'artisanat de tranchée, ce ne sont plus simplement des objets usuels qui sont fabriqués mais de véritables chefs-d'œuvre. Les briquets sont de plus en plus soignés et ingénieux : on trouve par exemple plusieurs systèmes d'allumage sur un seul briquet à pierre et à amadou :
Malgré tout, certains restent fidèles aux allumettes, ici avec une boite-caricature avec un casque à pointe, symbole de l'armée allemande et des inscriptions rappelant les combats de LIGNY.
 
Comme nous venons de le voir, les objets fabriqués par les poilus étaient souvent faits à partir de morceaux de métal récupérés sur le champ de bataille. Cependant certains réalisaient des objets à partir de morceaux de bois, qu'ils pouvaient tailler avec leur couteau lorsqu'ils étaient dans les tranchées : ici une tabatière en bois, sans doute pour ranger du tabac à priser.
Les poilus ont aussi fabriqué des cannes en bois, souvent finement décorées, très utiles pour avancer sur un terrain défoncé et souvent détrempé. Il n'y en avait pas dans de cette exposition.
 
Les soldats utilisaient donc tous les matériaux disponibles, métal, bois mais aussi plus rarement du tissu, ici une magnifique réalisation : une lettre pour ses parents minutieusement brodée par un poilu sur un mouchoir
 
L'EXPOSITION : CROQUIS DE GUERRE ET PRODUCTIONS D'ARTISTES LOCAUX  

@ Marie-France Castang-Coutou
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