et font prisonnier Napoléon III. C'est la fin de l'Empire .
"100.000 hommes, dernier espoir de la France en deuil, furent tués ou faits prisonniers autour de Sedan après une lutte héroïque de deux jours, où la bravoure de nos malheureux soldats ne put contre-balancer l'impéritie de nos généraux, la supériorité numérique de nos adversaires, et surtout celle véritablement écrasante de leur artillerie." (Geraud, p23/458)
La IIIe République remplace le Second Empire le 4 septembre.
La France n'a presque plus d'armée : 40 000 hommes en route vers Sedan ont pu se replier à temps sur Paris, quelques régiments stationnés en Afrique ont échappé à la souricière de Sedan
et des troupes dans les dépôts vont former quelques régiments de marche. A ces troupes, il faut ajouter les contingents de la Garde Nationale Mobile, convoqués dans l'urgence.
Malgré cette situation désespérée, le gouvernement de la Défense Nationale décide de poursuivre la guerre alors que l'Etat major prussien ordonne le blocus de Paris. Partout en province des troupes se regroupent avec pour objectif de libérer Paris. Au Sud d'Orléans, Gambetta crée l'armée de la Loire
La Garde Nationale Mobile :
"Jusqu'en 1870,
la durée du service militaire était de 7 ans. L'armée se composait donc de 7 classes de jeunes gens pris chaque année sur le contingent par voix de
tirage au sort, jusqu'à concurrence du nombre de conscrits fixé par la loi de recrutement.
Le reste du contingent annuel, c'est-à-dire les favorisés du tirage au sort, les dispensés, fils de veuve ou soutiens de famille, et enfin les jeunes gens qui, ayant tiré un mauvais numéro et ne voulant pas servir, s'étaient à prix d'argent procuré un remplaçant, ce qu'autorisait la législation en vigueur à cette époque, tout cela constituait
la Garde Nationale Mobile, créée, dans le but de concourir avec l'armée active à la défense du sol de la patrie."
L'armée n'avait généralement pas vu d'un œil favorable la constitution de la Garde Nationale Mobile, qu'elle jugeait incapable de rendre les moindres services. Que pourraient des soldats improvisés, alors qu'il fallait plusieurs années pour dresser des hommes au métier de la guerre La France d'ailleurs n'était-elle pas assez forte, ses armées assez puissantes ? ... Qu'avait-on à craindre de la Prusse, battue, écrasée jadis par Napoléon, et qu'on battrait facilement de nouveau si l'occasion s'en présentait ? (Geraud, p24-25)
Erreur manifeste de jugement !
les Mobiles de la Dordogne (22e Régiment de Marche)
En Dordogne, trois bataillons sont rapidement formés : le 1er bataillon regroupe les jeunes qui proviennent entre autres du canton de Lalinde (c'est là que l'on doit trouver les Mobiles de Liorac).
Il est commandé par le commandant de CHADOIS.
Chaque bataillon regroupe environ 2000 hommes, répartis dans 8 compagnies. Les trois bataillons réunis forment le 22e Régiment de marche des Mobiles de la Dordogne.
L'équipement de ces jeunes soldats n'avait pas été prévu, Geraud raconte :
Aussitot les Mobiles arrivés on s'occupa de leur équipement, qui fut fort sommaire: "une méchante blouses de toile grise ornée de piteuses pattes
d'épaulettes rouges, un képi de toile grise à bandeau rouge, un paires de mauvaises guêtres de toile blanche, tel fut l'uniforme plus que primitif qui leur fut donné.
De souliers point, de pantalons d'uniformes point, de linge ou de flanelles pas davantage; chacun dut faire usage de ce qu'il avait apporté.
Cela constitua une tenue qui donnait à nos malheureux Mobiles un vague aspect de soldats des bataillons de discipline, ou plutôt de forçats,
ainsi qu'ils se désignaient eux mêmes en plaisantant.... La mauvaise qualité de leurs vêtements fut pour les Mobiles la cause de souffrances vraiment inouies.../
Comme armement les Mobiles reçurent les anciens fusils à piston des soldats de Crimée et d'Italie, bien insuffisants pour faire campagne contre un ennemi armé de fusils modernes.
Nous étions sous les armes depuis quatre jours lorsque parvint à Bergerac la nouvelle du désastre de Sedan".
(Geraud page 47-48)
SOLDATS DE LIORAC
Pour retrouver les soldats de la guerre de 1870, les registres d'Etat Civil sont les seules données directement accessibles, puisqu'ils ont été mis en ligne par les Archives Départementales de la Dordogne. Par contre, les listes du tirage au sort et les fiches matricules sont à rechercher sur place à Périgueux (AD24, série R).
Donc dans un premier temps, nous nous limiterons aux registres de décès pour rechercher les soldats de Liorac morts lors de cette guerre de 1870-71. Mais il est évident que beaucoup d'autres Lioracois ont participé à cette guerre et seule une étude détaillée aux Archives Départementales pourra faire ressortir leur nom et leur histoire. Patience donc !
Sur les registres de décès de Liorac, on trouve la transcription du décès de 4 soldats :
Jean PREVOT 24 ans mort au combat
Il était né en 1846 à Saint-Georges de Monclard, mais habitait Liorac. Marié en févier 1870 avec Marie AVRIL, un fils naquit en février 1871 mais comme indiqué sur l'acte de naissance, son père est Mobile de la Dordogne, sous les drapeaux. En fait à cette date, Jean PREVOT était déjà mort,
tué à la bataille de Loigny le 2 décembre 1870 mais son décès ne sera transcrit à Liorac (son dernier domicile) qu'après un jugement du tribunal civil de Bergerac le 1 août 1876 (6 ans plus tard !) qui demandait qu'il y ait mention du décès sur le registre de 1870 à la place qu'il aurait dû occuper. Pendant ce temps son épouse a accouché d'un garçon, qui meurt à 18 mois. Après une attente de 6 ans, cette jeune femme déjà éprouvée par la mort de son jeune enfant, est officiellement déclarée veuve. Elle se remariera en 1877 à Bergerac.
La bataille de LOIGNY :
Au sud d'Orléans, l'armée de la Loire se dirige vers Paris et s'arrête le 1er décembre 1870 près d'un petit village de la Beauce, Loigny. Le matin du 2 décembre les troupes françaises se lancent à l'assaut des positions prussiennes, mais malgré leur vaillance les soldats français sont repoussés.
Un petit groupe de soldats français dirigés par le commandant Fouchier reçoit l’ordre de se réfugier dans le cimetière de Loigny pour retarder l’avancée prussienne.
En début d’après-midi, le XVIIe corps du général de Sonis apparaît sur le champ de bataille. Le général fait déployer son artillerie. Pour la première fois de la journée, les canons français répondent aux Prussiens.
Vers 16 heures, le feu de l’artillerie ennemie provoque un vent de panique dans les rangs français. De nombreux soldats fuient et laissent le reste de l’armée sans protection. Pour empêcher l’anéantissement, le général de Sonis charge à la tête de 800 hommes (dont 300 Volontaires de l’Ouest). Les troupes prussiennes sont bousculées, ce qui permet au reste de l’armée de se retirer sans pertes. Le soir de la bataille, près de 9000 tués ou blessés gisent sur le champ de bataille.(source: musée de la guerre de 1870)
ICI
Comme on le sait, la guerre de 1870-71 s'est terminée par l'armistice du 28 janvier 1871 signant l'écrasante défaite de la France, la perte de L'Alsace et de la Moselle et une dette considérable de 5 milliards de Francs-or !
Trois soldats de Liorac sont morts après la fin de la guerre (on ne sait malheureusement pas ce qu'il leur est arrivé !) :
Jean BOURNAZEL 23 ans mort en permission en 1871
Fils de Jean BOURNAZEL et Elisabeth Cassagne, né à Pressignac en 1848 il était militaire. Il décéda le 30 octobre 1871, donc après la fin des hostilités, lors d'un congé temporaire à Liorac (il habitait alors à la Vieille Roche). Vu son âge, il n'avait pas terminé ses 7 ans de service. Peut être avait-il été blessé pendant les combats ?
et deux soldats morts en 1876, donc bien après la fin de la guerre :
Elie MARTY 24ans
Né à Liorac en 1852, de Jean et Marthe Delburg qui habitaient la Rafigne. Il vivait Liorac avant son entrée au service. Il était cavalier au 10e Rgt de cuirassiers, peloton Hors Rang. Il mourut le 13 juin 1876 à l'Hospice d'Angers. Transcription à Liorac.
Pierre ARBAUDIE 24 ans
Né à Liorac en 1852 de Martial Arbaudie et Marie Bleyzac, meuniers au Moulin de Carrieux; Il était soldat à la 5e Section d'Ouvriers d'Administration (COA). Les COA faisaient partie des services de l'intendance et étaient par exemple en charge de la boulangerie de l'armée.
Il décéda à l'hôpital du Gros Caillou (Paris 7e) le 21 août 1876. Transcription à Liorac.
references
►
Historique du troisième bataillon de la garde mobile de la Dordogne (commandant Marty) détaché au corps Cathelineau. 1870-1871 Rédigé sur les notes de plusieurs de ses officiers...1872. Disponible sur Gallica
ICI
► Les Combattants de 1870-71, par le Cdt Rousset, 1891. Disponible sur Gallica
ICI
► Les mobiles de la Dordogne (22e de marche) à Coulmiers et compte-rendu des fêtes de l'inauguration du monument élevé à la mémoire des soldats de l'arrondissement de Bergerac,
morts à l'ennemi en 1870-1871 : 9 novembre 1890. Disponible sur Gallica
ICI
Note : Le 9 novembre 1870, l'armée française remporta une victoire à Coulmiers (qui malheureusement ne se renouvela pas) : les Mobiles de la Dordogne y participèrent avec grand courage et en 1890, un monument fut érigé à Bergerac en face du Palais de justice à la mémoire des Mobiles de la Dordogne qui ont perdu la vie pendant cette guerre.
► Les Mobiles de la Dordogne : 22e régiment de marche 1870-1871 : Souvenirs et impressions par Emile Géraud. 1904. Disponible sur Gallica
ICI
► sur le site du Souvenir Français, Comité de Bergerac un résumé sur le 22ème de Marche des Mobiles de la Dordogne
ICI