1870 : la guerre oubliée
Soldats de Liorac

page mise en ligne le 25 avril 2021      
LE CONTEXTE :
En 1848, la deuxième République a été proclamée remplaçant la Monarchie de Juillet. En décembre 1848, des élections au suffrage universel masculin ont porté à la Présidence Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l'Empereur Napoléon Ier : ce fut l'élection du premier Président de la République avec le score impressionnant de 74% !
Quelques années plus tard, un coup d'Etat rétablit l'Empire et le Président Louis-Napléon Bonaparte devient l'Empereur Napoléon III.
La candidature d'un Prince allemand au trône d'Espagne effraye la France qui craint être enclavée entre des États allemands. Après un imbroglio diplomatique et l'influence néfaste de son entourage, le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, qui tente depuis quelques années de regrouper les États allemands en un empire allemand unifié.

L'armée française est bien inférieure en nombre à celle de la Prusse. De plus elle est mal préparée et mal armée (l'artillerie prussienne de loin bien supérieure va faire beaucoup de dégâts dans les rangs français).
Les défaites s’enchaînent et en moins de deux mois l'armée est anéantie.
1800-1940 Démographie et mortalité infantile à Liorac.
1811-1911 Les pavés de grès de la forêt de Liorac.
Les carriers de Liorac.
1824 De la fausse monnaie circule à Liorac.
1834 le maire mène l'enquête.
1835, les réponses du maire, F. Beneys, à l'enquête de Cyprien Brard donnent une image détaillée de Liorac :
          L'agriculture en 1835
          L'industrie en 1835
          Hygiène et santé publique en 1835
          Antiquités et Curiosités en 1835
1848-1849 Troubles à Liorac lors de l'élection du premier président de la République au "suffrage universel".
1846-1936 : Evolution des métiers au bourg de Liorac.
1852, l'agriculture à Liorac (enquête statistique)
1853-1854 : de quoi mourrait-on à Liorac ?
1854-1856 : soldats de Liorac pendant la guerre de Crimée
1836-1863 La formidable aventure de la route n°27
          le grand chambardement du bourg
          la naissance du haut Liorac
1876-1904 Construction de la maison d'école
1870-1871 : une guerre oubliée. Soldats de Liorac
1888 Une histoire de loup à Liorac.
1883 Les problèmes d'ordures à Liorac ne datent pas d'aujourd'hui !
1894 L'école de filles à Liorac devient école laïque.
1897-1965 Le bureau de poste de Liorac
1902 Le curé Tafforeau au moment des élections.
Vers 1905, c'était encore le temps des loups à Liorac.
1913 Les pilules roses pour personnes pâles.
1913-1969 L'adduction d'eau, un marathon de plus de 45 ans :
    Avant l'adduction d'eau, les puits.
    1913-1914, une première tentative
    D'une guerre à l'autre
    1958, l'eau arrive enfin dans le bourg !
    1959-1969,10 ans de plus pour alimenter tous les hameaux
1917 Haro sur les nuisibles.
1914-1918 : la guerre
1919-1965 L'autobus de Liorac.
Vers 1920, la laiterie des Bigayres
1922 Le Monument aux morts de Liorac.
1925 L'électrification du bourg.
1939-1945 Deux "Morts pour la France" à Liorac.
1940-1945 Maurice Sarazac, Compagnon de la Libération.
22 juin 1944 : les troupes allemandes traversent Liorac.
1813-1975 : Médaillés de la Légion d'honneur à Liorac
1950-1965 La tournée de Denise.
Dans les années 50, l'épicerie Carbonnel.
Dans les années 50, la boulangerie Chassagne.
Dans les années 50-60, la fête à Liorac.
1961 Le tour de France passe pour la première fois à Liorac.

Le 1er septembre 1870, les Prussiens remportent la victoire à Sedan et font prisonnier Napoléon III. C'est la fin de l'Empire .
"100.000 hommes, dernier espoir de la France en deuil, furent tués ou faits prisonniers autour de Sedan après une lutte héroïque de deux jours, où la bravoure de nos malheureux soldats ne put contre-balancer l'impéritie de nos généraux, la supériorité numérique de nos adversaires, et surtout celle véritablement écrasante de leur artillerie." (Geraud, p23/458)
La IIIe République remplace le Second Empire le 4 septembre.
La France n'a presque plus d'armée : 40 000 hommes en route vers Sedan ont pu se replier à temps sur Paris, quelques régiments stationnés en Afrique ont échappé à la souricière de Sedan et des troupes dans les dépôts vont former quelques régiments de marche. A ces troupes, il faut ajouter les contingents de la Garde Nationale Mobile, convoqués dans l'urgence.
Malgré cette situation désespérée, le gouvernement de la Défense Nationale décide de poursuivre la guerre alors que l'Etat major prussien ordonne le blocus de Paris. Partout en province des troupes se regroupent avec pour objectif de libérer Paris. Au Sud d'Orléans, Gambetta crée l'armée de la Loire
La Garde Nationale Mobile :
"Jusqu'en 1870, la durée du service militaire était de 7 ans. L'armée se composait donc de 7 classes de jeunes gens pris chaque année sur le contingent par voix de tirage au sort, jusqu'à concurrence du nombre de conscrits fixé par la loi de recrutement.
Le reste du contingent annuel, c'est-à-dire les favorisés du tirage au sort, les dispensés, fils de veuve ou soutiens de famille, et enfin les jeunes gens qui, ayant tiré un mauvais numéro et ne voulant pas servir, s'étaient à prix d'argent procuré un remplaçant, ce qu'autorisait la législation en vigueur à cette époque, tout cela constituait la Garde Nationale Mobile, créée, dans le but de concourir avec l'armée active à la défense du sol de la patrie."
L'armée n'avait généralement pas vu d'un œil favorable la constitution de la Garde Nationale Mobile, qu'elle jugeait incapable de rendre les moindres services. Que pourraient des soldats improvisés, alors qu'il fallait plusieurs années pour dresser des hommes au métier de la guerre La France d'ailleurs n'était-elle pas assez forte, ses armées assez puissantes ? ... Qu'avait-on à craindre de la Prusse, battue, écrasée jadis par Napoléon, et qu'on battrait facilement de nouveau si l'occasion s'en présentait ? (Geraud, p24-25)
Erreur manifeste de jugement !
les Mobiles de la Dordogne (22e Régiment de Marche)
En Dordogne, trois bataillons sont rapidement formés : le 1er bataillon regroupe les jeunes qui proviennent entre autres du canton de Lalinde (c'est là que l'on doit trouver les Mobiles de Liorac). Il est commandé par le commandant de CHADOIS. Chaque bataillon regroupe environ 2000 hommes, répartis dans 8 compagnies. Les trois bataillons réunis forment le 22e Régiment de marche des Mobiles de la Dordogne. L'équipement de ces jeunes soldats n'avait pas été prévu, Geraud raconte :
Aussitot les Mobiles arrivés on s'occupa de leur équipement, qui fut fort sommaire: "une méchante blouses de toile grise ornée de piteuses pattes d'épaulettes rouges, un képi de toile grise à bandeau rouge, un paires de mauvaises guêtres de toile blanche, tel fut l'uniforme plus que primitif qui leur fut donné. De souliers point, de pantalons d'uniformes point, de linge ou de flanelles pas davantage; chacun dut faire usage de ce qu'il avait apporté. Cela constitua une tenue qui donnait à nos malheureux Mobiles un vague aspect de soldats des bataillons de discipline, ou plutôt de forçats, ainsi qu'ils se désignaient eux mêmes en plaisantant.... La mauvaise qualité de leurs vêtements fut pour les Mobiles la cause de souffrances vraiment inouies.../
Comme armement les Mobiles reçurent les anciens fusils à piston des soldats de Crimée et d'Italie, bien insuffisants pour faire campagne contre un ennemi armé de fusils modernes. Nous étions sous les armes depuis quatre jours lorsque parvint à Bergerac la nouvelle du désastre de Sedan". (Geraud page 47-48)


SOLDATS DE LIORAC

Pour retrouver les soldats de la guerre de 1870, les registres d'Etat Civil sont les seules données directement accessibles, puisqu'ils ont été mis en ligne par les Archives Départementales de la Dordogne. Par contre, les listes du tirage au sort et les fiches matricules sont à rechercher sur place à Périgueux (AD24, série R).
Donc dans un premier temps, nous nous limiterons aux registres de décès pour rechercher les soldats de Liorac morts lors de cette guerre de 1870-71. Mais il est évident que beaucoup d'autres Lioracois ont participé à cette guerre et seule une étude détaillée aux Archives Départementales pourra faire ressortir leur nom et leur histoire. Patience donc ! Sur les registres de décès de Liorac, on trouve la transcription du décès de 4 soldats :

Jean PREVOT 24 ans mort au combat
Il était né en 1846 à Saint-Georges de Monclard, mais habitait Liorac. Marié en févier 1870 avec Marie AVRIL, un fils naquit en février 1871 mais comme indiqué sur l'acte de naissance, son père est Mobile de la Dordogne, sous les drapeaux. En fait à cette date, Jean PREVOT était déjà mort, tué à la bataille de Loigny le 2 décembre 1870 mais son décès ne sera transcrit à Liorac (son dernier domicile) qu'après un jugement du tribunal civil de Bergerac le 1 août 1876 (6 ans plus tard !) qui demandait qu'il y ait mention du décès sur le registre de 1870 à la place qu'il aurait dû occuper. Pendant ce temps son épouse a accouché d'un garçon, qui meurt à 18 mois. Après une attente de 6 ans, cette jeune femme déjà éprouvée par la mort de son jeune enfant, est officiellement déclarée veuve. Elle se remariera en 1877 à Bergerac.
La bataille de LOIGNY :
Au sud d'Orléans, l'armée de la Loire se dirige vers Paris et s'arrête le 1er décembre 1870 près d'un petit village de la Beauce, Loigny. Le matin du 2 décembre les troupes françaises se lancent à l'assaut des positions prussiennes, mais malgré leur vaillance les soldats français sont repoussés. Un petit groupe de soldats français dirigés par le commandant Fouchier reçoit l’ordre de se réfugier dans le cimetière de Loigny pour retarder l’avancée prussienne. En début d’après-midi, le XVIIe corps du général de Sonis apparaît sur le champ de bataille. Le général fait déployer son artillerie. Pour la première fois de la journée, les canons français répondent aux Prussiens. Vers 16 heures, le feu de l’artillerie ennemie provoque un vent de panique dans les rangs français. De nombreux soldats fuient et laissent le reste de l’armée sans protection. Pour empêcher l’anéantissement, le général de Sonis charge à la tête de 800 hommes (dont 300 Volontaires de l’Ouest). Les troupes prussiennes sont bousculées, ce qui permet au reste de l’armée de se retirer sans pertes. Le soir de la bataille, près de 9000 tués ou blessés gisent sur le champ de bataille.(source: musée de la guerre de 1870) ICI

Comme on le sait, la guerre de 1870-71 s'est terminée par l'armistice du 28 janvier 1871 signant l'écrasante défaite de la France, la perte de L'Alsace et de la Moselle et une dette considérable de 5 milliards de Francs-or !

Trois soldats de Liorac sont morts après la fin de la guerre (on ne sait malheureusement pas ce qu'il leur est arrivé !) :
Jean BOURNAZEL 23 ans mort en permission en 1871
Fils de Jean BOURNAZEL et Elisabeth Cassagne, né à Pressignac en 1848 il était militaire. Il décéda le 30 octobre 1871, donc après la fin des hostilités, lors d'un congé temporaire à Liorac (il habitait alors à la Vieille Roche). Vu son âge, il n'avait pas terminé ses 7 ans de service. Peut être avait-il été blessé pendant les combats ?

et deux soldats morts en 1876, donc bien après la fin de la guerre :

Elie MARTY 24ans

Né à Liorac en 1852, de Jean et Marthe Delburg qui habitaient la Rafigne. Il vivait Liorac avant son entrée au service. Il était cavalier au 10e Rgt de cuirassiers, peloton Hors Rang. Il mourut le 13 juin 1876 à l'Hospice d'Angers. Transcription à Liorac.

Pierre ARBAUDIE 24 ans
Né à Liorac en 1852 de Martial Arbaudie et Marie Bleyzac, meuniers au Moulin de Carrieux; Il était soldat à la 5e Section d'Ouvriers d'Administration (COA). Les COA faisaient partie des services de l'intendance et étaient par exemple en charge de la boulangerie de l'armée. Il décéda à l'hôpital du Gros Caillou (Paris 7e) le 21 août 1876. Transcription à Liorac.
 
references
► Historique du troisième bataillon de la garde mobile de la Dordogne (commandant Marty) détaché au corps Cathelineau. 1870-1871 Rédigé sur les notes de plusieurs de ses officiers...1872. Disponible sur Gallica ICI
► Les Combattants de 1870-71, par le Cdt Rousset, 1891. Disponible sur Gallica ICI
► Les mobiles de la Dordogne (22e de marche) à Coulmiers et compte-rendu des fêtes de l'inauguration du monument élevé à la mémoire des soldats de l'arrondissement de Bergerac, morts à l'ennemi en 1870-1871 : 9 novembre 1890. Disponible sur Gallica ICI

Note : Le 9 novembre 1870, l'armée française remporta une victoire à Coulmiers (qui malheureusement ne se renouvela pas) : les Mobiles de la Dordogne y participèrent avec grand courage et en 1890, un monument fut érigé à Bergerac en face du Palais de justice à la mémoire des Mobiles de la Dordogne qui ont perdu la vie pendant cette guerre.

► Les Mobiles de la Dordogne : 22e régiment de marche 1870-1871 : Souvenirs et impressions par Emile Géraud. 1904. Disponible sur Gallica ICI

► sur le site du Souvenir Français, Comité de Bergerac un résumé sur le 22ème de Marche des Mobiles de la Dordogne ICI

1888, une histoire de loup à Liorac     

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