LE CONTEXTE :
Depuis la première étude en 1876 qui donnait un plan et le devis correspondant, trois ans ont passé, et le financement est maintenant trouvé.
Mais où construire cette belle école ?
La commune ne dispose pas d'emplacement pour bâtir la maison d'école. Il faut
donc acquérir un terrain et comme pour la construction de la route, cette étape est à la charge exclusive de la commune.
1876 : Polémique autour du choix du terrain
La route traverse le bourg et le "Haut Liorac" a commencé à se construire. Naturellement les élus municipaux souhaitent installer la maison d'école en haut du village
où deux terrains sont proposés :
► l'un appartient à Jean MARTY, charron et correspond à l'implantation de l'école telle que nous la connaissons
► l'autre est situé de l'autre côté du chemin de Malbastit et appartient à Pierre RAMBAUD, cultivateur à la Pigne.
Des experts sont nommés pour examiner ces deux possibilités :
Ainsi, le 10 novembre 1876, Pierre GASQUET, propriétaire à la Roche, rend ses conclusions : il y a un autre terrain de l'autre côté du chemin de Malbastit (emplacement du restaurant actuel), mais cette parcelle se trouve en contrebas, il y a donc risque d'inondation et une construction à cet endroit nécessiterait des travaux considérables et de plus ce terrain ne donne pas sur le CGC27. Par contre l'emplacement de Jean MARTY ne présente aucun de ces inconvénients.
Le maire F.BENEYS demande une enquête auprès des habitants : 23 options sont en faveur du terrain de MARTY et 0 pour celui de RAMBAUD.
Pourtant le Conseil Municipal reste partagé et lors de la session du 24 décembre 1876, le vote conduit à 6 voix pour chacune des options. Mais le président, qui est le maire, a voté pour le terrain "MARTY". Sa voix est prépondérante et le terrain de Jean MARTY est donc choisi. Reste à en négocier le prix.
Le terrain a été évalué 2200F par Pierre COULAUD, conseiller municipal. Mais Jean MARTY est beaucoup plus gourmand et en demande 5000F ! Le Conseil Municipal trouve ce prix si exagéré qu'il demande l'expropriation du terrain pour cause d'utilité publique. Finalement le prix sera négocié à 3000F.
la décision est prise fin 1876 :
Délibération du CM du 24 décembre 1876 et du 20 mai 1877 par lesquelles le CM municipal de la commune de Liorac a voté l'acquisition moyennant 3000F d'un terrain présentant une superficie de 30 ares destiné à la construction d'une maison d'école .
Les pièces suivantes sont annexées au rapport de cette délibération :
Un procès verbal d'expertise dressé le 20 décembre 1876 par mr Pierre Coulaud, membre du Conseil Municipal.
Le procès verbal de l'enquête à laquelle il a été procédé le 17-12-1876 par Mr le Maire de Cause de Clérans désigné à cet effet par Mr le Sous Préfet de Bergerac du 26 décembre dernier.
Les avis du commissaire enquêteur et celui du service académique, favorables l'un et l'autre à l'acquisition de l'emplacement proposé.
Passage de l'acte en Août 1879 :
Mais l'autorisation du Préfet de passer l'acte l'achat n'arrivera qu'en mai 1879, lorsque la commune aura effectivement trouvé le financement nécessaire :
Le 7 août 1879, devant Mr Giry-Laterrière,notaire à Mouleydier, Jean MARTY, ancien charron et Catherine MIRABEL son épouse vendent moyennant 3000F
à Mr Jean LAPLACE propriétaire demeurant à la Roche, commune de Liorac, agissant en qualité de maire de la commune, acquérant pour le compte de cette commune, en vertu de l'autorisation de Mr le Préfet en date du 26 mai dernier, une pièce de terre labourable située à Malbasty et faisant partie du numero G81 du plan cadastral, contenant environ 30 ares, confrontant du levant à la route numéro 27 de Bergerac à Terrasson, du midi à la propriété du Sr Chassagne ainé, du couchant à une terre de la famille Delanes, du nord à l'ancien chemin de Liorac à Bergerac.
(Une partie de ce terrain avait été acquise pour 1400F de Mme Leymarie Lajarthe veuve de Mr Valeton Boisvert le 15 janvier 1862).
Le financement est trouvé, le terrain est acheté,
il reste à choisir un entrepreneur et les travaux pourront commencer !
Le plan et le devis détaillé des travaux (pour 10293F) datent de 1876.
La commune a acquis son terrain en 1879. Il a fallu presque 3 ans !
Le choix de l'entrepreneur doit maintenant se faire par voie d'adjudication publique.
Adjudication publique
La mise à prix est de 14000F (sans doute après réévaluation du devis). Huit entrepreneurs déposent une soumission et celui qui propose le plus fort rabais par rapport à la mise à prix l'emporte : il s'agit de SOUMALET, qui s'engage à effectuer les travaux avec
un rabais de 8% .
Mais très vite des travaux non prévus au devis initial se révèlent nécessaires :
Au cours de la construction, le Conseil Municipal réalise que certaines modifications sont nécessaires et que certains travaux n'ont pas été prévus et tente d'apporter des solutions lors de plusieurs réunions:
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Séance du Conseil Municipal du 11 février 1880 :
la toiture : Elle a été prévue en tuiles creuses du pays et non en tuiles "à la mécanique" à cause du prix inférieur des premières, mais les tuiles du pays résisent mal à la gelée et conduisent à de nombreuses gouttières. Une dépense supplémentaire de 225F de tuiles et 80F de bois sera prise sur les fonds réservés aux cas imprévus.
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Séances du Conseil Municipal du 13 février 1881 et du 13 mars 1881:
devis pour les travaux supplémentaires à faire à la maison d'école :
lieux d'aisance pour les élèves et pour l'instituteur (il est difficile de concevoir qu'ils avaient été "oubliés" dans un bâtiment neuf !),
cave,
terrasse (remblai, soutènement, garde-fou et marches),
puits (à creuser dans le rocher, profondeur 22 m),
mobilier scolaire (pour 48 élèves, pupitre et estrade pour l'instituteur, tableau de lecture),
le tout pour une somme de 3309F.
Un évènement inattendu va servir à financer ces travaux non prévus : le taux de l'emprunt de 6000F contracté en 1878 auprès de la Caisse des Ecoles, a baissé de 5% à 4% et la durée ramenée de 31 ans à 30 ans.
La commune ne doit plus rembourser que 240F par an au lieu de 300F, soit "une économie" de 60F , ce qui permet d'emprunter 1500F supplémentaires à la Caisse des Ecoles en conservant le remboursement initialement prévu.
L'autorisation d'effectuer cet emprunt supplémentaire est donné par le Ministre de l'Intérieur et des Cultes le 13 septembre 1881.
L'école est enfin construite et ouvre ses portes en novembre 1881.
Mais l'histoire n'est pas terminée !