Niché dans une boucle de la Vézère, Saint-Léon-sur-Vézère, un village du Périgord Noir fut autrefois un port florissant.
Il possède un riche patrimoine historique :
► sur la place centrale du village, le manoir de la Salle avec son donjon carré du XIVe siècle, et comme c'est souvent le cas en Périgord Noir, avec ses toits de lauzes (Voir plus bas)
► l'église romane Saint Léonce du XIIe siècle
► le Château de Clérans, une élégante construction du XVIe siècle avec tours et tourelles
Ces deux monuments sont visibles sur cette carte postale ancienne :
L'église Saint Léonce, église romane (XIIème siècle), classée Monument historique
Bâtie sur les restes d'une villa gallo-romaine, elle faisait partie d'un prieuré bénédictin fondé au XIIe siècle qui dépendait de l'abbaye de Sarlat.
L'église est très proche des rives de la Vézère et a dû subir maintes fois ses crues.
Le sanctuaire est orienté vers l'est, la direction de Jérusalem, comme c'était l'usage au Moyen Âge.
Son architecture est très simple : une nef, un transept et une abside où se trouve l'autel, entourée de deux absidioles. On observe une coupole à la croisée du transept, sous le clocher carré à deux niveaux.
Malgré un intérieur très sobre, elle possède des éléments de décoration intéressants : des piliers aux chapitaux sculptés
et des fresques qui ornent les plafonds de l'abside et des absidioles, malheureusement en partie effacées : on observe encore un très délicat décor végétal. On remarque également les traces de personnages
trop effacés pour que l'on puisse les admirer et qui devaient faire partie de scènes figuratives que l'on trouve habituellement dans les églises Moyen Âge :
Enfin, l'église St Léonce est couverte de toits de lauzes, ce qui comme nous allons le voir est caractéristique des villages moyennageux du Périgord Noir .
Les toits du Périgord constituent une des particularités remarquables du paysage du département. Très pentus, ils sont
couverts de tuiles patinées par le temps ou formés de lauzes dans l'est du département .
Tous ont été soigneusement construits avec des matériaux traditionnels disponibles dans la région : des tuiles autrefois fabriquées à la main dans les nombreuses tuileries du Périgord
ou des lauzes extraites de carrières à proximité des villages. Le savoir-faire patiemment transmis du maître charpentier ou du maître couvreur aux jeunes apprentis
et l'amour du travail bien fait ont conduit aux merveilles architecturales du Périgord et comme nous allons le voir, les toits de lauze en font partie.
Qu'est-ce que la lauze?
Le sol de certaines régions du Périgord contient un calcaire délitable en plaques.
On en tirait des pierres irrégulières qui contrairement aux ardoises, n'étaient pas calibrées.
Empilées avec soin, ces lauzes ont donné ces beaux toits, résistants et solides, que l'on peut observer dans plusieurs villages du Périgord Noir,
aussi bien pour des toits de châteaux ou d'églises (ci dessous, l'église et le château de Saint Geniès au centre du village), que pour des bâtiments plus modestes, bergeries ou des cabanes en pierre sèche ou " bories" qui servaient souvent de poulailler
ou d'abris temporaires pendant les travaux champêtres :
Le poids d'une couverture en lauze est évalué entre 500 et 800 kg au mètre carré ! Les murs doivent donc être très épais et la charpente très solide avec une pente suffisante
pour supporter une telle charge.
Les techniques de pose sont précises et demandent beaucoup de patience et d'observation pour ajuster parfaitement les lauzes les unes aux autres, puisqu'elles ne sont pas calibrées.
Connaissant le poids des lauzes, il facile d'imaginer les efforts qu'ont dû déployer les poseurs de lauze pour installer ces pierres à une telle hauteur et réaliser ces toits
parfaitement étanches qui plusieurs siècles plus tard ont toujours fière allure.
La première étape de la pose consiste à mettre en place sommairement les lauzes du haut vers le bas en répartissant le poids sur les pans du toit : c'est le "rissonnage".
Le poseur de lauzes réalisera ensuite la pose définitive de bas en haut en s'aidant d'un banc comme échafaudage.
A l'heure actuelle: il n'y a plus de carrières exploitées et les lauzes qui proviennent de la récupération sur des bâtiments en ruine ne servent plus que pour de la rénovation d'anciens toits.
Heureusement le métier n'a pas été oublié et quelques artisans sont encore capables de construire ces toits de pierre.