Depuis 1974, le village de Cadouin a intégré la commune du Buisson-de-Cadouin (formée avec Le Buisson-Cussac, Cadouin, Paleyrac et Urval) et depuis
2013 le Buisson-de-Cadouin fait partie, comme Liorac-sur-Louyre, de la communauté de communes des Bastides Dordogne-Périgord.
Le village de Cadouin s'est développé autour de son église (1) et de son abbaye (2-4).
Fondée en 1115 par Géraud de Salles l'importante abbaye Notre-Dame de la Nativité de Cadouin fut rapidement affiliée à l'ordre de Citeaux.
Cette abbaye cistercienne a connu une grande prospérité, du fait de sa relique, le suaire de la tête du Christ qui fut exposé tous les ans à la dévotion des pélerins pendant plus de huit siècles.
Mais en 1934, la science est venue contredire ces siècles de dévotion et a prouvé que ce linge rapporté de la première croisade n'a jamais couvert la tête de Jésus au tombeau puisque ce magnifique et rare tissu de lin brodé de soie fut tissé en Egypte à la fin du XIe siècle. De plus, sur ses bandes ornementales, des caractères coufiques vantent la gloire du calife musulman Musta Ali et invoquent Mahomet et Allah ! Et dire que les hommes s'exterminent pour des questions de religion !
L'ensemble abbatial, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en tant qu'étape des chemins de Saint Jacques de Compostelle, constitue un des plus beaux exemples d'architecture religieuse du Périgord qui attire chaque année de nombreux visiteurs. La restauration du cloître (4) a demandé beaucoup d'efforts mais le résultat est à la hauteur du défi !
Après la restauration des bâtiments abbatiaux (2-3) qui abritent à présent une auberge de jeunesse, la place de l'abbaye autour de la halle médiévale (5) a été aménagée.
Un petit musée présente l'histoire de Cadouin et une copie du Saint-Suaire qui y fut vénéré jusqu'en 1934.
Qui était Géraud (ou Giraud) de Salles ? (⁓1055-1120)
Né vers 1055-1060 d’une famille noble du Périgord, sans doute à Saint Barthelemy de Salles, dont on voit ci-contre la petite chapelle romane (où des fresques furent récemment découvertes), Géraud reçut une éducation au prieuré de St Avit-Senieur. Fut-il ermite, environ 600 ans après Avitus à St-Avit-Senieur ? Il ne fut pas ordonné prêtre. A l'exemple de son ami Robert d’Arbrissel, le fondateur de l'abbaye de Fontevrault, Géraud de Salles fonda au début du XIIème siècle dans le Sud-Ouest de la France plusieurs établissements monastiques, dont Cadouin en Dordogne.
Il fut déclaré "Bienheureux" par l'église catholique mais ne fut pas canonisé : il n'a donc pas le "titre" de Saint.
L'église abbatiale Notre-Dame de la Nativité (1), église romane du XII ème siècle
La façade de l'église est tournée vers l'ouest. La façade est divisée horizontalement en trois niveaux et verticalement en trois panneaux. Au centre et tout en haut, une ouverture circulaire, l'oculus, ou oeil de Dieu, surmonté par un triangle.
En bas, au centre, le portail roman à quatre voussures reposant sur des colonnes. On peut remarquer le mot PAX gravé au centre de l'arc inférieur. Malheureusement l'époque n'était guère favorable à la paix !
► L'intérieur de l'abbatiale présente une longue nef à quatre travées, terminée par une abside semi-circulaire. Une coupole peinte surplombe l'autel. On peut également remarquer un beau chapiteau décoré et la statue en pierre du XVè siècle de la Vierge à l'enfant ND de Cadouin :
Le cloître (4), gothique flamboyant et Renaissance
Ce cloître a remplacé à la fin du xve siècle le cloître roman primitif et contrate ainsi avec le style roman de l'église.
Comme à St Avit Sénieur, le cloître est adossé au mur sud de l'abbatiale. On aperçoit l'original clocher en bois : sa couleur grise est dûe au bois de chataignier qui le recouvre. Quatre galeries s'ouvrent sur un jardin rectangulaire avec une fontaine au centre.
Le cloître a été miraculeusement sauvé de la destruction et magnifiquement rénové. Il apparait maintenant dans toute la splendeur d'un cloître gothique flamboyant . Endossons l'habit d'un moine et parcourons lentement ces galeries.
la galerie Nord est adossée à l'église :
Les voûtes s'appuient sur des colonnes en forme de tours et sur les murs, des sculptures représentent des scènes de la vie quotidienne et les péchés capitaux. Par exemple, l'envie est représentée par deux hommes se diputant une oie .
Deux moines montrent un livre, incitant à l'étude. Cette galerie nord était en effet la galerie de la lecture. Les moines s'y réunissaient pour écouter les textes sacrés.
Au milieu de la galerie, le siège de l'abbé, entouré par les bancs de pierre des moines.
En face du siège de l'abbé, un escabeau pour le lecteur.
De part et d'autre du siège abbatial, des scènes de la passion du Christ :
► A droite, Jésus portant la croix, des femmes soutenant Marie et des soldats jouant aux dés la tunique du Christ.
► A gauche du siège abbatial, des moines s'avancent en procession vers le calvaire (il était au dessus du fauteuil mais il a aujourd'hui disparu). L'abbé est à leur tête : le blason à ses pieds permet de l'identifier comme Pierre V de Gaing, abbé de Cadouin de 1455 à 1475. Marie Madeleine est à genoux.
Derrière le fauteuil de l'abbé, un cognassier, le blason de Cadouin .
Le mur de la galerie était décoré de fresques, mais seule l'Annonciation (début XVème siècle) a résisté au temps :
Juste après cette fresque , la porte royale, très richement sculptée surmontée de trois blasons malheureusement effacés, donnait accès à l'église.
En levant les yeux à l'extrémité de cette galerie nord, on remarque les premières clefs de voûtes ornées de motifs pendants que l'on va retrouver dans la galerie suivante : ici des anges emportant Jésus dans son linceul, et trois évangélistes , St Jean (l'aigle), St Marc (le lion) et St Mathieu (l'homme ailé)
la galerie Est : elle s'appuie contre le mur de l'ancien cloître roman détruit pendant les guerres de religion. Elle s'ouvre sur la salle capitulaire par une série d'arcades séparées par des piliers.
A l'angle des galerie Nord et Est, une porte romane du XIIe siècle qui donnait accès au dortoir des moines. On y devine encore les traces de polychromie.
La galerie est posséde également des clefs de voûte pendantes : ci dessous la fuite en Egypte en bateau de la Sainte Famille et le sacrifice d'Abraham.
Sur un pilier côté jardin, Lazare quémande un repas à un mauvais riche qui le renvoie
Un autre pilier représente le jugement dernier : Dieu entouré d'anges musiciens pèse les âmes des hommes.
A l'angle avec la galerie Sud, la porte "Marie Madeleine" présente une accolade soulignée de choux frisés (décor classique dans le gothique du XVe, que l'on retrouve souvent dans ce cloître) avec un semis de coquilles rappelant que l'abbaye était une étape sur la route de St Jacques de Compostelle. Sur le fronton Marie Madeleine entourée par des anges.
la galerie Sud :
Cette galerie est un peu postérieure à la galerie est. De plus elle a été reprise lors de la construction de la galerie ouest au XVIe siècle: elle présente ainsi deux types d'architectures, gothique flamboyant de la fin du XVe et renaissance du début du XVIe.
► A l'angle avec la galerie est, une porte renaissance surmontée par le Christ en croix.
Au dessus de la porte, trois blasons et (en y regardant bien !), à gauche un pélican nourrissant ses petits de sa propre chair (symbole du sacrifice) et à droite un phénix renaissant de ses cendres (symbole de la résurection ).
► Il y a encore quelques clefs de voûte pendantes vers la galerie est, mais beaucoup ont disparu.
► Sur un pilier côté jardin une étonnante scuplture tricéphale. On peut remarquer que les yeux sont communs aux visages voisins.
la galerie Ouest :
C'est la dernière galerie qui fut construite (au début du XVIe siècle) pour relier les galeries nord et sud. Elle ne présente pas de sculptures ni de clefs de voûte pendantes, mais deux portes renaissance très restaurées au début du XXe siècle :
► à l'angle avec la galerie Sud : une porte renaissance, aujourd'hui condamnée avec un fronton semi circulaire en coquille sur lequel se distingue un homme barbu. Le fronton est entouré de trois candélabres.
► à l'angle avec la galerie Nord, une porte surmontée d'un fronton triangulaire orné de griffons affrontés. Au dessus du fronton, deux personnages rapportés. On remarque une partie du banc des moines de la galerie nord.
Sources :
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Site des Amis de Cadouin
◊ Panneaux explicatifs sur le site.
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Articles du Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord