Au sud du département de la Dordogne, en Périgord noir, la commune de
Trémolat est située sur la rive droite de la Dordogne, dans un large méandre
qui limite la commune sur environ six kilomètres.
Ce méandre porte le nom de "cingle de Trémolat".
Dans les années 500, Cybard (aussi appelé Eparchius) naquit à Trémolat.
Chrétien fervent , il rassembla autour de lui quelques disciples.
Plus tard il se retira dans une grotte à Angoulême où il vécut en prières et en soignant les pauvres jusqu'à sa mort en 581.
Lorsque l'abbaye d'Angoulême fut fondée , elle prit le nom de Saint Cybard et la petite communauté de Témolat y fut rattachée.
Vers le IXe siècle, Témolat avait une église monastique dédiée à la Vierge : il n'en reste actuellement que quelques traces seulement décelables par des spécialistes en architecture.
L'église fut reconstruite aux XIe et XIIe siècles et fut dédiée à Saint Nicolas, le patron des navigateurs.
La menace des invasions normandes (les vikings remontaient les fleuves et pillaient villes, églises et monastères, comme à Paunat) incita à construite de solides éléments de défense.
Située au milieu du village, l'église était une forteresse suffisament grande pour fournir un refuge à toute la population avec une immense salle refuge est située au dessus de la nef et du clocher.
Elle apparait imposante et massive malgré son clocher porche de 25 mètres de haut (1). Comme on peut le voir sur la photo aérienne (geoportail.fr), l'église a la forme d'une croix latine.
Elle est orientée vers l'est et comporte le clocher porche (1) qui faisait office de narthex pour les non baptisés, et qui s'ouvre sur une longue nef (2), suivie des deux bras du transept (3) et d'une grande abside terminée par un chevet plat (4).
On peut noter sur la photo que le transept et l'abside sont surélevés par rapport à la nef.
Au Sud de l'église, un monastère dont il ne reste qu'un mur de la salle capitulaire(5) et l'emplacemnt du cloitre (6).
Elle fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques. Elle est parvenue intacte juqu'à nous, allons la visiter.
L'église Saint Nicolas de Trémolat
En pénétrant dans l'église, on est frappé par l'immense nef recouverte de trois coupoles basées sur des arcs romans: c'est la partie la plus ancienne de l'église (XIe siècle).
Une quatrième coupole se situe à la croisée du transept et de la nef.A partir de là, en allant vers le choeur, les arcs brisés de type gothique indiquent une construction postérieure.
L'église est uniformément recouverte d'un badigeon blanc.
De magnifiques peintures murales ont été découvertes sous ce badigeon sur les murs du choeur.
Le choeur était l'endroit où des stalles de bois, qui longtemps ont caché les peintures, étaient installées pour accueillir les moines pendant les offices.
Les peintures murales du choeur ont été récemment dégagées et restaurées et nous enchantent par leur beauté.
Mais il est très probable que ces peintures retrouvées n'étaient pas les seules et que la voûte du choeur était aussi peinte.
Elles apparaissent dans les arcs du choeur, sur plusieurs niveaux et sont très inégalement conservées.
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L'entrée du Christ à Jérusalem
Jésus , monté sur une annesse accompagnée de son nouveau né, bénit la foule. Il est suivi par les douze apôtres portant chacun une palme.
Devant la monture de Jésus, la foule étend des manteaux sur le sol et jette des fleurs.
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La Cène
Selon une composition classique, le Christ est assis au centre avec de part et d'autre les Apôtres avec une auréole: six à sa droite et cinq à sa gauche.
Devant eux une grande table rectangulaire couverte d'une nappe qui retombe en larges plis.
Assis sur un coussin devant la table, Judas avec une barbe et des cheveux roux, déjà exclu des douze.
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Le baiser de Judas
Au centre de la composition, Jésus est debout : Judas avec toujours barbe et cheveux roux, embrasse le Christ le désignant aux soldats venus l'arrêter.
De nombreux personnages se pressent autour de Jésus.
Sur la droite, un des apôtres, sans doute Pierre, tranche l'oreille de Malchus, un serviteur du grand prêtre Caïphe qui, selon l'Évangile de S. Jean,
faisait partie de ceux qui avaient été envoyés par Caïphe pour arrêter Jésus.
Des bandes décoratives séparent les peintures du haut des arcs de celles du bas des arcs, mais ces dernières sont trop parcellaires et trop abimées pour en reconnaitre le thème. Voici quelques exemples :
Le monastère
Situé au sud de l'église, il ne reste plus qu'un mur de la salle capitulaire, percé de trois ouvertures en arc roman qui permettaient d'accéder au cloitre.
L'église Saint Hilaire de Trémolat
A l'écart de l'ensemble monastique, une petite chapelle a été construite au XIIe siècle :
entourée par le cimetière, elle fut l'église paroissiale de Trémolat jusqu'à la Révolution. On distingue quelques traces de couleur sur les murs,
indiquant que l'église était peinte, comme c'était souvent le cas à cette époque.
La voûte du choeur a été refaite au XVe sur croisée d'ogives.
L'église a conservé un beau portail roman surmonté d'un clocher-mur mais son ouverture n'abrite plus de cloche.
Le porche roman présente trois arcs en plein cintre ornés de plusieurs motifs,
supportés par quatre colonnes à chapiteaux sculptés. Au dessus du porche, une corniche est supportée par sept modillons à tête humaine.
OUVRAGES CONSULTÉS :
► Vieilles églises en Périgord, T1, PLB éditeur, Le Bugue 1991: Les églises de Trémolat par Marcel Berthier et Laure Guinet Abrial
► Peintures murales en Périgord (Xe-XXe siècle), Dominique AUDRERIE, Editions Confluences, 2021.