DANS LE SUD-OUEST

page mise en ligne le 9 juin 2023        


Au cours des siècles beaucoup de peintures murales ont été recouvertes de multiples couches d'enduit les cachant à la vue et les protégeant ainsi jusqu'à nos jours. S'il est difficile d'imaginer les motivations pour cacher ces peintures, cette action a eu au moins le mérite de les conserver et de permettre de les admirer après un long travail de restauration.

Plus grave, avec le débadigeonnage systématique des intérieurs d’églises au XIXe ainsi que dans la première moitié du XXe siècle, beaucoup de peintures murales ont été irrémédiablement perdues, ce qui est une perte énorme.
On en voit un exemple dans l'église de Beaumont où le piquetage du badigeon pour retrouver le mur de pierres et faire des jointages au ciment a miraculeusement épargné une peinture :
Heureusement, selon D. AUDRERIE dans son ouvrage sur les "Peintures du Périgord" (voir référence plus bas) :
"le Périgord possède encore un important patrimoine d'oeuvres peintes sur les murs de ses églises, de ses châteaux ou de ses maisons privées. Ce patrimoine prend place à la fois dans des monuments majeurs et dans des sites plus discrets en milieu urbain comme en pleine campagne. Ce présent ouvrage propose un inventaire inédit des peintures murales du Périgord, avec pas moins de 176 sites recensés, allant des grands cycles complets aux vestiges plus fugaces sans oublier les litres funéraires."
Nous en avons déjà visité quelques uns en Périgord et à chaque fois l'histoire se reproduit : des fresques cachées par des badigeons ont été redécouvertes par hasard parce qu'un jour, un morceau d'enduit est tombé révélant un fragment de peinture. Ensuite des associations et les municipalités ont tout fait pour les sauver . Nous en avons déjà rencontré dans plusieurs églises :
◊ L'église Saint Martin de Limeuil
◊ L'église St Christophe à Monferrand du Périgord
◊ L'église St Léonce à St Léon sur Vézère
◊ L'église Notre-Dame-de Moncuq (de l'Assomption) à Belvès (en attente, car les travaux de restauration étaient en cours à l'été 2022)
et l'église St Eutrope à Allemans-sur-Dropt en Lot et Garonne, à proximité du département de la Dordogne.
mais il en reste encore beaucoup à découvrir.

Mais avant de poursuivre notre voyage, voici quelques renseignements concernant la technique des fresques et les pigments et couleurs utilisés.
Comme nous avons pu le constater dans les églises déjà visitées, les couleurs employées sont essentiellement des rouges, jaunes et verts, du blanc et du noir. et ces couleurs n'ont guère changé depuis l'époque préhistorique de la grotte de Lascaux
Le bleu est quasi absent des fresques car comme nous allons le voir les pigments "bleus" importés d'Orient valaient très cher au Moyen Âge.
Les bastides de la communauté de communes
"DES BASTIDES DORDOGNE-PÉRIGORD".

Les fresques médiévales.

A MOINS DE 50 km DE LIORAC :

ALLEMANS-du-DROPT
     Les magnifiques fresques de l'église Saint Eutrope
      à quelques km au sud du département de la Dordogne.

BANEUIL
      L'église St Etienne avec sa coupole et le donjon du XIe siècle
BANNES
     Le château de Bannes
     La petite église romane de Bannes
BEAUMONT-DU-PÉRIGORD
     Beaumont, une des bastides anglaises du Périgord.
     L'église fortifiée de Beaumont et sa frise historiée.
BESSE
     L'église Saint Martin de Besse (XIe siècle)
     et son magnifique portail roman

CADOUIN
     Sur les chemins de Compostelle, l'abbaye de Cadouin
     et son cloître exceptionnel.

CAUSE-DE-CLÉRANS
     Le château de Clérans XIIe siècle.
     L'église romane de Cause XI-XIIe siècles.
COUZE-SAINT-FRONT
     Les moulins à papier de la Couze
     Les deux églises romanes de Couze
LIMEUIL
     La chapelle Saint-Martin de Limeuil
     consacrée en 1194: ses fresques et pierres gravées.

MONTFERRAND-DU-PÉRIGORD
     Les magnifiques peintures murales de l'église St Christophe
PAUNAT
     L'église abbatiale de Paunat a fêté son millénaire.
SAVIGNAC-DE-MIREMONT
     Le retable baroque de l'église St Denis de Paris
SAINT AVIT-SÉNIEUR
     Sur les chemins de Compostelle, l'abbaye de St Avit Senieur
     et son immense église abbatiale.

SAINT FÉLIX DE VILLADEIX
     Saint Felix de Villadeix : une motte castrale.
     Saint Felix de Villadeix : église, chapelles et pigeonnier.
SAINTE-FOY DE BELVÈS
     Le retable Tournié de l'église de Ste Foy de Belvès a retrouvé
     ses dorures et peintures polychromes.

SAINT-LÉON-SUR-VÉZÈRE
     L'église romane St Léonce présente encore quelques fresques.
TRÉMOLAT
     L'église fortifiée Saint Nicolas avec sa file de coupoles, ses peintures murales et les restes de son monastère et l'église Saint Hilaire avec son beau portail roman sont toutes deux classées Monument Historique.
VARENNES
     Le retable baroque de l'église St Avit de Varennes

et bientôt d'autres coups de coeur...
 

La TECHNIQUE DES FRESQUES
Le mot "fresque"^provient de l'italien "a fresco": le mur était enduit d'un mortier à base de chaux et le peintre devait poser la peinture sur l'enduit encore humide. Il n'avait donc que peu de temps pour travailler, au mieux quelques heures. Il devait donc prévoir avec précision la surface qu'il pouvait peindre chaque jour. Il esquisse son dessin , ce qui n'est pas toujours simple perché sur un échafaudage, en particulier pour les voûtes des églises. Ses pigments sont prêts : ce sont des pigments naturels, d'origine minérale, végétale ou animale, broyés plus ou moins finement : ce sont donc des poudres. Mises en suspension dans un liant liquide (blanc d'oeuf, caséine, huile ou résine) elles vont être déposées à la surface du support. Il ne mélangeait pas les pigments mais utilisait des couches successives plus ou moins diluées pour modifier les nuances.

PIGMENTS et COULEURS
Le peintre choisit ses pigments suivant leur disponibilité et leur prix. En effet, beaucoup sont importés d'Orient et leur prix dépasse largement ce qu'il pouvait débourser . Le contrat entre le commanditaire et l'atelier de peinture (plusieurs peintres étaient nécessaires pour un travail important) indiquait souvent les pigments à utiliser et c'était le commanditaire lui même qui fournissait les plus onéreux, par exemple le lapis-lazuli (bleu) et bien sûr l'or.

Voyons les couleurs de base nécessaires aux artistes:
BLANC : le blanc de plomb ou céruse (carbonate de plomb), fortement toxique.
NOIR : les pigments noirs sont obtenus à partir de matériaux calcinés, des os ou du bois (en particulier de vigne)
VERT : la malachite espèce minérale, carbonate de cuivre Cu2CO3(OH)2, pigment assez instable.
le vert de gris, pigment minéral synthétique, résultant de l'attaque du Cuivre par un acide. Ce sont des sulfates de cuivre,dont la nuance dépend du moyen de préparation. Très toxique JAUNE : l'orpiment trisulfure d'arsenic As2S3 fournit une teinte dorée, utilisée à la place des feuilles d'or. Très toxique.
ROUGE : -l'hématite (Fe2O3) contenue deans les terres et ocres naturelles
- le cinabre ,sulfure de mercure HgS, très toxique.

_ le kermès, d'origine animale, provenant d'insectes parasites d'une catégorie de chênes : les insectes femelles, recueillis et séchés fournissent un pigment d'un beau rouge.
- la litharge (PbO), l'une des formes minérales naturelles de l'oxyde de plomb.toxique.

BLEU :
-le lapis-lazuli : la pierre véritable provenait des mines d'Afghanistan. L'éloignement de la source du minéral justifiait les prix particulièrement élevés du pigment. -l'azurite composé minéral, du carbonate de cuivre hydraté Cu3(CO3)2(OH)2 , beaucoup moins cher que le lappis lazuli mais qui est instable : la couleur bleue de ce pigment a tendance à virer au vert (malachite). - Les pigments bleus synthétiques teintés par le cobalt ou le cuivre existent dès l'Antiquité : le "bleu égyptien" à base de cuivre était connu des Romains sous le nom de caeruleum. Beaucoup de ces pigments sont des poisons et sans doute beaucoup de peintres de fresques ont été intoxiqués et sont morts prématurement, mais comme ils sont restés anonymes il est impossible de vérifier et cela reste une hypothèse. .

REFERENCES
► Conférences au Louvre de Michel Pastureau : https://www.louvre.fr/louvreplus/video-pigments-et-colorants-25
► Les peintures de l'Eglise d'Allemans-du-Dropt, Revue de l'Agenais et des anciennes provinces du Sud-Ouest,1935, p217-225. Disponiblle sur Gallica.
► Peintures murales en Périgord (Xe-XXe siècle), Dominique AUDRERIE, Editions Confluences, 2021.
 

@ Marie-France Castang-Coutou
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