< Le retable baroque polychrome de l'église de Varennes

      À VARENNES


LA COMMUNE DE VARENNES : située sur la rive gauche de la Dordogne à environ 5 km à l'ouet de Lalinde et 16 km à l'est de Bergerac et 1 km au NO de Lanquais. Ce village s'est d'ailleurs appelé Lenquaysset ou le Petit Lanquais. La commune est entourée des communes de Saint Capraise de Lalinde, Couze et St Front et Verdon. Comme Liorac, Varennes a été englobée dans la Communauté de Communes des Bastides-Dordogne-Périgord.

L'ÉGLISE St Avit
L'église paroissiale, dédiée à Saint Avit, possède un retable (la construction verticale, portant un décor peint ou sculpté, placé en arrière plan de l'autel) du XVIIe , qui a été classé en 1975 à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, mais qui malgré les demandes n'a jamais été classé "Monument Historique". Le rétable en bois était très abîmé et les insectes continuaient à le détruire : en 2013 les élus et l'Association des amis du patrimoine de Varennes décident de le faire restaurer et partent à la recherche de subventions. Grâce à leur ténacité, l'argent a été trouvé et le retable a été sauvé ( par Claire et Christian SCHMITTER, des spécialistes du Lot qui ont déjà restauré plusieurs retables en Dordogne) et a retrouvé son lustre d'antan. Une belle histoire !

C'est une église romane du XIIe qui a subi au cours des siècles maintes agressions, en particulier au moment des guerres de religion. À l'est, l'église a perdu son abside en hémicycle,un mur plat a été remonté, consolidé par un épais contrefort et on distingue encore l'arc roman de l'ancien choeur. Le choeur est surmonté d'une coupole. La tour clocher au dessus de la coupole a été raccourcie et les cloches sont maintenant abritées à l'ouest dans un clocher mur avec trois baies campanaires.
 
SAINT AVIT
Cette église paroissiale a pour titulaire St Avit (490-570). Varennes serait même, d'après la tradition, le village natal de ce saint. Avitus fut un des grands évangélistes du Périgord. Envoyé par son père au service des Wisigoths d'Alaric II, il combattit contre les Francs, fut fait prisonnier après la victoire de Clovis. Il se convertit au christianisme et revint en Périgord après sa libération : il devint alors guérisseur et mena une vie de réclusion. Apès sa mort, son corps fut transporté dans l'église de l'abbaye de St Avit Senieur, mais son tombeau n'a jamais été localisé.
Plusieurs communes portent le nom de St Avit en Dordogne : Saint-Avit-de-Vialard, Saint-Avit-Rivière et Saint-Avit-Sénieur et deux communes aujourd'hui disparues, Saint-Avit-du-Tizac intégrée à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt et Saint-Avit-de-Fumadières, intégrée à Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières et plusieurs églises en Dordogne sont dédiées à ce saint.
Les bastides de la communauté de communes
"DES BASTIDES DORDOGNE-PÉRIGORD".

Les fresques médiévales.

A MOINS DE 50 km DE LIORAC :
ALLEMANS-du-DROPT
Les magnifiques fresques de l'église Saint Eutrope à quelques km au sud du département de la Dordogne.
BANEUIL
L'église St Etienne avec sa coupole et son donjon du XIe siècle.
BANNES
Le château de Bannes.
La petite église romane de Bannes.
BEAUMONT-DU-PÉRIGORD
Beaumont, une des bastides anglaises du Périgord.
L'église fortifiée de Beaumont et sa frise historiée.
BELVES
Un village médiéval aux nombreux vestiges.
Les peintures murales de l'église ND de l'Assomption.
BESSE
L'église Saint Martin de Besse (XIe siècle)
et son magnifique portail roman.

CADOUIN
Sur les chemins de Compostelle, l'abbaye de Cadouin et son cloître exceptionnel.
CAUSE-DE-CLÉRANS
Le château de Clérans XIIe siècle.
L'église romane de Cause XI-XIIe siècles.
COUZE-SAINT-FRONT
Les moulins à papier de la Couze.
Les deux églises romanes de Couze.
LAMONZIE-MONTASTRUC
Le bourg et son église romane.
Les châteaux de Montastruc et de Bellegarde
LIMEUIL
La chapelle Saint-Martin de Limeuil consacrée en 1194, ses fresques et pierres gravées.
MONTFERRAND-DU-PÉRIGORD
Les magnifiques peintures murales de l'église St Christophe.
PAUNAT
L'église abbatiale Saint Martial de Paunat a fêté son millénaire.
SAVIGNAC-DE-MIREMONT
Le retable baroque de l'église Saint Denis de Paris.
SAINT-AVIT-SÉNIEUR
Sur les chemins de Compostelle, l'abbaye de Saint
Avit et son immense église abbatiale.

SAINT FÉLIX DE VILLADEIX
Une motte castrale.
Eglise paroissiale, chapelles Saint Nicolas et de la Peyrouse, pigeonnier.
SAINTE-FOY DE BELVÈS
Le retable Tournié de l'église de Ste Foy de Belvès a retrouvé ses dorures et peintures polychromes.
SAINT-LÉON-SUR-VÉZÈRE
L'église romane St Léonce présente encore quelques fresques.
TRÉMOLAT
L'église fortifiée Saint Nicolas avec sa file de coupoles, ses peintures murales et les restes de son monastère et l'église Saint Hilaire avec son beau portail roman sont toutes deux classées Monument Historique.
VARENNES
Le retable baroque de l'église Saint Avit de Varennes.

et bientôt d'autres coups de coeur...
LE RETABLE
Le retable de Varennes n'a pas été attribué à un atelier de sculpteurs connus, comme les Tournié à Gourdon ou Chaminade à Périgueux. Peut être est-ce l'oeuvre d'un artisan local ?
Avant sa restauration, le retable était dans un état quasi desespéré : mangé par les insectes, le bois était vermoulu et certaines décorations avaient disparu. A l'origine ce retable était peint, plusieurs couches de peinture avaient été passées pour masquer les dégradations, dont la dernière, une peinture "bronze" uniforme qui masquait tous les reliefs. Le travail de restauration a consisté à enlever les couches de peinture, traiter et consolider les bois, à re-sculpter des parties manquantes, et enfin à reposer des couleurs aussi proches que possible des couleurs d'origine . Le résultat de cet énorme travail est fantastique.
Le retable a des dimensions imposantes pour une petite église: 3m80 de large et 4m50 de haut, et il couvre tout le mur est de l'église et comprend trois niveaux :
Le niveau supérieur
est composé d'une grande corniche sur laquelle sont posés quatre pots à feu. Au centre, une Vierge à l'enfant de texture assez grossière, entourée de volutes de feuillages.

►► Le niveau central montre un Christ en croix placé dans un cadre devant un paysage peint, entouré par deux grandes statues (1m10 !) placées dans des niches à coquille, encadrées par des colonnes torses à feuilles de vigne et grappes de raisin représentant
○ à gauche Avitus : St Avit est vêtu en soldat, et tient d'une main une hache et de l'autre une hallebarde à laquelle est attachée un oriflamme avec la devise "ENSE et ARATRO" ("Par l'épée et par la charrue", devise d'un citoyen qui sert son pays par l'épée en temps de guerre et avec la charrue en temps de paix). Ce fut d'ailleurs la devise adoptée par le Maréchal Bugeaud lors de ses expéditions coloniales.
○ et à droite Secundinus qui fut son disciple :

 
►►► le niveau inférieur
comprend au centre un tabernacle à pans coupés avec sur la porte, le bon Pasteur portant un agneau.

En dessous du tabernacle, les socles des colonnes entourent les têtes d'ange sur lesquelles reposent les deux grandes statues d'Avitius et de Secondinus.

La partie basse du rétable (la table d'autel) a disparu au moment des grands bouleversements des églises après le Concile Vatican II. Pour palier cette absence, une boiserie peinte en faux marbres a été ajoutée.
Enfin, la dépose du retable a permis de découvrir des peintures murales datant de la construction de l'église. Il est probable que l'intérieur de la plupart des églises construites au XIIe siècle était entièrement recouvert de peintures murales, dans un but décoratif mais également d'enseignement pour les fidèles (voir par exemple les fresques de Monferrand du Périgord). Dans l'église de Varennes, des croix templières ont été mises à jour. Encore les Templiers !

Documents consultés :
■ BREUIL Jean-François,2015, Le retable de l'église de Varennes Enquête et sauvegarde. Publication des Amis du Patrimoine de Varennes.
■ FEUILLE-CAVAILLE Marguerite, 2012, Essai de biograpie d'Avitus, soldat puis ermite du Périgord. Publication des Amis du Patrimoine de Varennes.
■ GENESTE Olivier, 2016 , Trésors baroques en Périgord. Mobiliers et décor des églises de Dordogne (XVIIe-XVIIIe), édition Rencontre avec le patrimoine religieux.
■ LE NAIL François, 1993, Les clochers-murs en Périgord. Ed. PLB.
■ SIBILLE Barbara, 2018, Sauvegarde de retables tridentins en Dordogne. Les cas de Prats-de-Carlux et de Varennes. Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord (SHAP), tome CXLV, p 190.

@ Marie-France Castang-Coutou
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