Tout le pourtour de l'église St Eutrope est orné de fresques datées du XVe siècle.
Depuis 1935, année de leur découverte, plusieurs campagnes de restauration les ont presque toutes ressucitées et le résultat est magnifique.
Les fresques contribuaient à la beauté de l'église, mais leur fonction première était d'ordre pédagogique : elles avaient pour but d'instruire les fidèles, souvent illettrés
et quoi de mieux qu'une "bande dessinée" pour y parvenir ? Les fresques représentent donc des thèmes religieux et sont majoritairement en rapport avec la vie du Christ.
Un ruban plissé dont les plis sont alternativement rouge et blanc sur un fond noir court autour de l'église et sépare les différents panneaux.
Au dessus de chaque panneau, des banderoles avec des inscriptions en latin s'adressaient sans doute aux rares personnages éduqués, religieux et seigneurs .
Les photos qui illustrent ces pages ont été prises à l'été 2019, alors que le travail de restauration était semble-t-il terminé.
Examinons à présent les différents panneaux :
SAINT MICHEL TERRASSANT LE DÉMON
Le panneau représente l'archange Michel dans le combat avec les démons de l'enfer. Il est en armure, tient un démon par les cornes et s'apprête à le tuer d'un coup de lance.
A sa droite, les élus sont en route vers le Paradis guidés par un ange, tandis qu'à sa gauche les démons s'emparent des damnés et un diable ailé rouge qui les a entassés dans un panier, les emmène en enfer.
LE JUGEMENT DERNIER
Au centre le Christ est assis sur un arc-en-ciel, des pieds posés sur le globe terrestre.
La tête entourée d'un nimbe rouge foncé est encadrée par les cheveux et une courte barbe.
Un manteau rouge est drapé sur les jambes, laissant le torse nu.Les bras sont levés montrant les mains avec les traces des plaies de la passion.
A la droite du Christ, la Sainte Vierge, à genoux et les mains jointes. A sa gauche St Jean à genoux, les mains jointes, avec un long manteau gris qui tombe en plis très travaillés.
Derrière lui une femme peut être Marie Madeleine.
En bas de la scène trois petits personnages ressucitent et sortent de leur tombeau.
De chaque côté du Christ-juge, les deux sentences sont inscrites sur deux banderoles : à droite "Venite, benedicti patris mei", "venez les bénis de mon père" et à gauche la sentence de condamnation "Ite
malediti in ignem aeternum", "allez maudits , au feu éternel".
L'ENFER
Ce panneau fait suite au précédent : les condamnés par le Christ-juge sont emportés par des démons pour brûler en enfer . Les scènes sont destinées à marquer les esprits :
Les damnés sont nus , dépouillés de tout et les démons les emportent vers la chaudière . A gauche un diable rouge cornu au nez busqué porte deux femmes enfilées sur une broche.
Un diblotin rouge tient dans ses mains velues deux tiges dont on ne voit pas l'extrémité. Un grand diable noir, le corps couvert de poils, porte sur son dos une femme, tête en bas, chevelure flottante.
Devant lui un autre démon porte une hotte où sont entassés des damnés.
Un peu plus loin, une chaudière repose sur un support dont on aperçoit trois pieds, au dessous un grand feu chauffe cette chaudière où des damnés sont entassés, un diable les enfonce avec une fourche.
L'esquisse de plusieurs autres démons est encore visible. A côté de la chaudière, on distingue les grosses pattes d'un démon à fortes griffes et un homme à quatre pattes poussé vers le feu par un démon.
A droite la bouche de l'enfer avec de grandes dents :
En haut de ce panneau, une banderole avec une inscription :
"recordare novissima et non pecabis in aeternum. Quia in inferno nulla est reprehensio", "souvenez vous de vos fins dernières et vous ne pécherez jamais
car en enfer il n'y a pas de correction ." (traduction approximative)